INRS: une découverte pourrait permettre de mieux traiter l’hépatite C

MONTRÉAL — Des virologistes de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) ont identifié une protéine que les virus de l’hépatite C utilisent pour échapper à l’attention du système immunitaire, a appris en primeur La Presse Canadienne.

Cette percée pourrait mener à un traitement plus efficace de cette maladie, mais aussi de virus comme le VIH, le Zika et le virus de l’hépatite B.

Pour se propager d’une cellule à l’autre à l’abri du système immunitaire, les virus de l’hépatite C se cachent dans ce qu’on appelle des exosomes, qu’on pourrait comparer à des petits vaisseaux de transport qui partent d’une cellule pour aller transmettre leur contenu à une autre cellule, ailleurs dans l’organisme.

«Le virus se cache dans ces exosomes pour éviter d’être détecté par le système immunitaire, a expliqué le professeur Terence Ndonyi Bukong. S’il circulait à découvert (dans l’organisme), il serait repéré et il y aurait une réponse immunitaire.»

Cette stratégie permet aussi aux virus d’infecter la totalité des cellules de l’organisme, et non pas seulement un type spécifique de cellules, a-t-il précisé. Une fois cachés dans un organe, les virus attendront un moment d’inattention ou de faiblesse du système immunitaire pour émerger et commencer à se reproduire.

Or, le professeur Bukong et ses collègues ont découvert que les virus de l’hépatite C interagissent avec une protéine, la RTN3, pour insérer leur bagage génétique dans les exosomes.

«On a constaté que si on neutralise la protéine, les virus sont incapables d’entrer dans les exosomes et donc d’être éjectés de la cellule», a dit le professeur Bukong.

Si les chercheurs parviennent à identifier des molécules qui empêchent les virus de l’hépatite C d’infecter les exosomes et de se déplacer en cachette dans l’organisme, les virus n’auront d’autre choix que de circuler à découvert; un système immunitaire normal et en santé devrait alors être en mesure de les détruire, a ajouté le professeur Bukong.

Environ 20 % des patients infectés par l’hépatite C finissent par éradiquer l’infection. Chez ceux qui y parviennent, les chercheurs ont constaté qu’une plus faible portion des virus se cachait dans les exosomes. En revanche, on retrouvait davantage de virus dans les exosomes des patients qui n’arrivaient pas à se débarrasser de la maladie.

«On ne sait pas si les niveaux de la protéine RTN3 fluctuent d’une personne à l’autre, ce qui pourrait expliquer pourquoi certains patients neutralisent l’infection, mais pas d’autres», a admis le professeur Bukong.

On ne dispose actuellement d’aucun vaccin contre l’hépatite C. La maladie affecte plus de 130 millions de personnes à l’échelle de la planète, dont près de 250 000 au Canada. Le virus tue environ 500 000 personnes par année.

Par ailleurs, les antiviraux existants coûtent cher et restent peu accessibles dans les pays en développement, où la prévalence est élevée.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal scientifique PLOS One.