Interdiction de se rassembler: les dénonciations citoyennes sont nombreuses

De nombreux citoyens se tournent vers les forces de l’ordre pour dénoncer des entorses à l’interdiction de se rassembler prévue par le décret du gouvernement du Québec prolongeant l’état d’urgence sanitaire, ont confirmés divers corps policiers québécois. 

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a indiqué dimanche après-midi qu’environ 80 appels de citoyens ont été provisoirement classés comme pouvant être reliés au décret rendu public samedi soir.

Le SPVM ne dispose pas de données exactes pour le moment étant donné qu’il «priorise d’informer [ses] policiers des nouvelles mesures qui sont en place et de comment on va les appliquer», a expliqué sa porte-parole Véronique Comtois, en entrevue avec La Presse canadienne.

Lorsqu’ils sont appelés à intervenir dans de tels cas, les policiers vont d’abord tenter d’obtenir la collaboration des personnes de se disperser et de respecter les directives de la santé publique, a-t-elle insisté.

Les personnes récalcitrantes «pourraient» s’exposer à une amende minimale de 1000 $, comme prévu dans la Loi sur la santé publique.

«Si jamais, dans un cas de dernier recours, les gens qui refusaient de se conformer, à ce moment les contrevenants pourraient être arrêtés en vertu du Code de procédure pénale pour mettre fin à l’infraction immédiatement», a ajouté l’agente Comtois.

Lors de sa conférence de presse quotidienne, le premier ministre François Legault a expliqué que la santé publique a le pouvoir de faire appliquer ses directives avec l’aide des policiers, notamment d’interdire les rassemblements et d’obliger une personne testée positive à s’isoler.

«Les règles qui ont été fixées par le Dr Arruda depuis une semaine, ce sont des règles qui, si nécessaire, peuvent être forcées d’application par les policiers, mais on n’est pas rendu là et je ne souhaite pas qu’on en arrive là sauf pour des cas d’exception», a déclaré le premier ministre.

Ailleurs au Québec

À Québec, le service de police a dit être intervenu à une dizaine de reprises en ce sens dans la soirée et la nuit de samedi à dimanche. Ces interventions concernaient toutes des rassemblements dénoncés par des citoyens.

Là encore, les agents misent sur la collaboration des citoyens, a déclaré Étienne Doyon, un porte-parole du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ). «Et en dernier recours, il y a ce fameux décret. Oui, on va l’utiliser si on n’a aucune collaboration.»

Le SPVQ a précisé que ses agents ont pu compter sur «une bonne collaboration de la majorité des citoyens interpellés». Seule une personne a été arrêtée et détenue après avoir contrevenu à un règlement municipal en causant du désordre et pour avoir insulté un policier.

Du côté de la Sûreté du Québec (SQ), le porte-parole Louis-Philippe Bibeau n’a pas parlé d’interventions proprement dites, mais bien de «patrouilles préventives» pour sensibiliser la population aux consignes.

Il a lui aussi expliqué que la SQ mise pour l’instant sur bon vouloir des citoyens, plutôt que d’avoir recours à des «mesures coercitives».

Une autre porte-parole a plus tard précisé que la police provinciale a reçu «plusieurs dizaines» d’appels pour signaler de possibles rassemblements.

Vendredi, les agents du SPVQ ont procédé à l’arrestation d’une femme infectée par la COVID-19 qui ne s’empêchait pas de sortir en public.

C’était la première fois qu’un mandat d’arrestation était lancé à la demande du directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, en vertu des pouvoirs accrus qui lui sont accordés par l’état d’urgence sanitaire.

— Avec la collaboration de Roxanne Ocampo