CALGARY — Le premier ministre Jason Kenney affirme que même si l’Alberta a la capacité médicale de faire face à la pandémie de COVID-19, l’impact économique dans cette province sera foudroyant.
«Je m’attends à ce que le taux de chômage en Alberta soit d’au moins 25 pour cent — un demi-million d’Albertains sans emploi — voire considérablement plus élevé», a déclaré M. Kenney lors d’une téléconférence des dirigeants d’entreprises du secteur des hydrocarbures.
«Ce sera la période la plus difficile de notre économie, en termes relatifs, depuis la Grande Dépression (des années 1930). Cela ne fait aucun doute», a-t-il dit. M. Kenney devait s’adresser directement aux Albertains mardi soir lors d’une allocution télévisée.
Il indiquait lundi que son «adresse à la nation» exposerait des projections et des plans pour faire face non seulement aux aspects sanitaires et hospitaliers de la pandémie, mais aussi pour relancer à terme une économie frappée par la récession mondiale et une guerre des prix du pétrole qui a ébranlé dans ses fondements mêmes tout le tissu industriel de l’Alberta.
La province compte plus de 1300 cas de COVID-19 et 24 décès, mais a effectué près de 66 000 tests de dépistage. Les services de santé de l’Alberta s’efforcent de disposer de 2250 lits pour les nouveaux patients atteints de coronavirus d’ici la mi-avril.
De bonnes courbes
M. Kenney a déclaré mardi que les approvisionnements en équipements de protection sont solides, mais les autorités s’efforcent de se procurer davantage de ces fameux masques respiratoires N95 nécessaires au personnel soignant de première ligne. Sans expéditions supplémentaires, l’Alberta prévoit être à court de masques N95 dans un mois.
«Nous pensons être raisonnablement bien placés pour survivre à la tempête de santé publique, bien qu’avec des pertes de vies tragiques», a déclaré M. Kenney.
L’Alberta recensait lundi 40 personnes hospitalisées à cause de la COVID-19, dont 16 aux soins intensifs, dans une province de 4,4 millions d’habitants.
«Nos taux d’hospitalisation et de soins intensifs par habitant sont deux fois moins élevés que ceux des autres grandes provinces du Canada», a soutenu M. Kenney.
Il a aussi estimé que les «courbes» en Alberta ressemblent à celles de pays qui ont réussi à combattre le nouveau coronavirus, comme la Corée du Sud et Singapour, par rapport à des pays moins performants comme les États-Unis ou l’Italie. «Mais nous en sommes encore aux premiers jours et nous ne pouvons rien prendre pour acquis», a-t-il prévenu.
Aide d’Ottawa
M. Kenney a rappelé aussi qu’il tentait toujours d’obtenir plus d’aide d’Ottawa pour soutenir la liquidité des banques, afin qu’elles puissent aider les entreprises à rester à flot. Il veut également de l’aide fédérale pour maintenir l’industrie pétrolière et gazière en activité, en particulier à court terme en permettant à des travailleurs de récupérer des «puits orphelins».
M. Kenney a estimé que son gouvernement conservateur avait investi 12 milliards $ en aide directe ou en suspendant les paiements sur les emprunts, afin d’aider les Albertains les plus durement touchés.
Une récente prestation ponctuelle unique de 1146 $ pour ceux qui ont dû s’isoler mais qui doivent attendre jusqu’en avril la prestation fédérale d’urgence devrait aider environ 90 000 Albertains.
Le budget initial pour cette prestation était de 50 millions $, mais on parle plutôt maintenant de 110 millions $.
L’opposition néo-démocrate de Rachel Notley soutient que les qualifications pour ce programme ponctuel, qui est maintenant fermé, étaient trop étroites et que trop de gens se sont retrouvés bloqués en raison de problèmes techniques en ligne.