QUÉBEC — L’élection québécoise du 1er octobre 2018 pourrait bien être la dernière à fonctionner selon le système actuel du vote uninominal à un tour.
Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a réaffirmé lundi son engagement à réformer rapidement le mode de scrutin, dès la première année du mandat, s’il prend le pouvoir.
Le chef péquiste, Jean-François Lisée, et la porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, ont aussi dans leurs cartons le projet de privilégier un mode de scrutin proportionnel.
Seuls les libéraux de Philippe Couillard s’y opposent.
M. Legault s’est montré confiant de pouvoir aller de l’avant en ayant l’appui d’une majorité de députés de l’Assemblée nationale dans la nouvelle législature.
La veille, M. Lisée avait exprimé des doutes sur la volonté réelle de son adversaire caquiste de procéder à cette réforme.
Affrontement sur l’immigration
Les trois principaux partis ont surtout croisé le fer sur les seuils d’immigration.
Le chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard, dont le gouvernement avait évoqué 60 000 nouveaux arrivants en 2016, a parlé lundi d’une augmentation «éventuelle» des seuils, mais il n’a pas ouvert davantage son jeu.
En conférence de presse, M. Couillard s’est tout de même permis d’écorcher la CAQ et le PQ, en estimant que c’est sur ce thème que les électeurs devront se prononcer.
«La principale question, « the ballot question », c’est: est-ce qu’avec le problème important de pénurie de main-d’oeuvre que l’on connaît, est-ce qu’il est approprié de proposer de réduire le nombre de travailleurs qui viennent de l’étranger?», a demandé M. Couillard, dans une entreprise de Québec.
Les caquistes et les péquistes veulent respectivement limiter à 40 000 et à entre 35 000 et 40 000 le nombre de nouveaux arrivants au Québec. Le nombre de personnes admises au Québec a été d’un peu moins de 52 400 en 2017.
Le chef caquiste, François Legault, a soutenu que M. Couillard essayait «d’inventer une question de l’urne» et que l’élection portait plutôt sur les quatre dernières années du gouvernement libéral. Lors d’un rassemblement militant, il a soutenu que la CAQ voulait accueillir «moins d’immigrants, mais en prendre soin».
M. Lisée a pour sa part souligné que M. Couillard refusait toujours de dévoiler sa cible du seuil d’immigration.
PLQ: Pénurie de main-d’oeuvre
La pénurie de main-d’oeuvre et les moyens de l’appréhender ont été au coeur des préoccupations du chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard, depuis le début de la campagne.
Lundi, à Québec, il a promis d’injecter 10 millions $ étalés sur cinq ans pour épauler les municipalités régionales de comté (MRC) et municipalités à mieux planifier l’immigration économique et ainsi mieux répondre aux besoins de main-d’oeuvre.
Au total, les engagements libéraux en la matière, la plupart déjà annoncés dans le passé, totalisent 135 millions $ sur cinq ans.
Au cours de la prochaine décennie, au Québec, plus de 1,3 million d’emplois devront être comblés.
M. Couillard s’est dit par ailleurs prêt à aller jusqu’en Cour suprême, s’il le faut, pour défendre la loi 62 favorisant le respect de la neutralité religieuse de l’État.
En juin, la Cour supérieure avait suspendu l’article 10 de cette pièce législative adoptée à l’automne 2017 et qui prévoyait qu’une personne offrant ou recevant un service public «doit avoir le visage découvert». La loi permet toutefois des accommodements religieux à la pièce.
CAQ: soins à domicile
La santé des aînés est aussi un thème récurrent de la campagne. Après les libéraux, la CAQ y est allée aussi de ses engagements en matière de soins à domicile aux aînés.
Un gouvernement caquiste investirait 200 millions $ supplémentaires par année pour permettre aux CLSC de fournir plus de soins à domicile aux aînés, a promis le chef du parti, François Legault, de passage à Châteauguay.
Le PLQ s’est engagé lui aussi il y a quelques jours à injecter 200 millions $ supplémentaires pour embaucher plus de personnel dans les CLSC, afin de permettre plus de soins à domicile.
PQ: Environnement
Le PQ a quant à lui présenté son plan de lutte aux changements climatiques.
Le chef péquiste a semblé adoucir le ton, quant à son intention de faire en sorte que tous les véhicules vendus au Québec en 2035 soient rechargeables. On parle désormais d’un «objectif» plutôt que d’une contrainte.
Dans le plan de lutte contre la crise climatique présenté lundi, la mesure phare en matière d’électrification du transport individuel parle de l’adoption de «cibles audacieuses de ventes de véhicules électriques rechargeables».
Or, dans la plateforme adoptée en mai dernier, «il est écrit que 100 pour cent des véhicules légers vendus au Québec en 2035 devront être rechargeables».
Et en conférence de presse à Saguenay, le chef du PQ a fait valoir que l’approche punitive n’était pas nécessairement souhaitable et dit vouloir en «arriver à l’objectif» pour 2035.
Pour une énième fois, lundi, M. Lisée, brandissant la liberté d’expression, a dû se porter à la défense de sa candidate dans Mercier, Michelle Blanc.
Mais les propos de Mme Blanc sur les juifs hassidiques et sur Hitler n’auraient pas aussi bien passé si elle les avait formulés à titre de candidate, a nuancé lundi M. Lisée.
Sur une entrée de blogue, en 2007, Mme Blanc écrivait qu’elle était passée à un cheveu de «frapp(er)» par «intolérance» un juif hassidique qui s’était conduit de manière impolie chez le fleuriste. En 2011, sur Twitter, elle écrivait qu’elle avait «oublié de fêter l’anniversaire de Hitler».
Philippe Couillard a jugé qu’elle avait «franchi une ligne rouge» avec son gazouillis sur le dictateur nazi, un des plus grands criminels de l’histoire de l’humanité, a-t-il rappelé.
QS: Transport collectif interurbain
De son côté, Québec solidaire s’est engagé lundi à mettre fin au monopole privé dans le secteur du transport interurbain, en créant l’Agence du transport interurbain, dont le mandat serait de «développer un réseau public fiable et abordable partout au Québec».
Le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, en a fait l’annonce lundi matin, à Québec, en compagnie du candidat solidaire dans Jean-Lesage et porte-parole en matière de transport Sol Zanetti.
Québec solidaire estime que l’offre de transport collectif interurbain s’est «grandement détériorée» dans les dernières années au Québec.
L’Agence de transport interurbain que créerait un gouvernement solidaire aurait pour mandat de mettre sur pied un réseau de transport public par autobus doté d’un capital de 2 milliards $.
Ainsi, explique-t-on, l’agence rachèterait les actifs des compagnies privées et créerait à partir de leurs réseaux déjà exploités un service de transport interurbain que le parti souhaite «abordable et bien implanté partout sur le territoire».