En ce premier week-end de campagne électorale, les partis politiques ont une fois de plus multiplié les annonces et les pointes décochées en direction de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui mène encore dans les sondages.
En matinée, samedi, le premier ministre sortant, Philippe Couillard, s’est engagé à poursuivre la mise en place de supercliniques, actuellement au nombre de 49.
En phase avec le slogan de son parti, le chef libéral a également proposé de «faciliter la vie des Québécois» en fournissant une seconde carte d’assurance maladie aux enfants de moins de 14 ans, de même qu’en lançant de nouveaux services de télésanté.
De passage plus tard samedi au congrès de la Fédération des commissions scolaires à Québec, M. Couillard a également affirmé que les libéraux continueraient à soutenir financièrement les écoles privées, tout en assurant qu’un éventuel gouvernement libéral travaillerait de concert avec le milieu éducatif privé afin que ce dernier prenne en charge davantage d’élèves en difficulté.
Ces engagements ont toutefois été partiellement éclipsés par la divulgation d’un échange de messages textes entre la candidate vedette libérale Gertrude Bourdon et un haut responsable de la CAQ dans lequel l’administratrice du réseau de la santé semblait confirmer son intention de se lancer dans la course électorale sous les couleurs caquistes.
Contrainte de s’expliquer, l’ex-dirigeante du Centre hospitalier universitaire de Québec-Université Laval a dit s’être sentie «piégée» par la formation de François Legault, qui avait laissé entendre la semaine dernière que Mme Bourdon se joindrait à son équipe avant que la principale intéressée ne décide finalement de décliner l’offre pour se joindre aux troupes libérales.
M. Couillard a évidemment pris la défense de sa nouvelle recrue, reprochant aux caquistes d’avoir «surinterprété» ses propos et d’avoir tenté de la «piéger» en éventant la nouvelle de sa candidature le jour même où elle devait rencontrer M. Legault pour en discuter.
«Moi, ce que je dis, c’est que la vérité a ses droits», a réagi le chef de la CAQ, qui a cependant reconnu que c’était son parti qui avait dévoilé les fameux messages textes publiés par « La Presse ». Je vais laisser les Québécois juger.»
Le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, a pour sa part déclaré que ce nouveau rebondissement était la preuve que la personne choisie par Philippe Couillard pour diriger le plus grand ministère n’était pas «digne de confiance».
Offensive péquiste contre la CAQ
Attaquée pour sa gestion de l’affaire Bourdon, la CAQ a également fait l’objet d’un assaut en bonne et due forme de la part du PQ, qui a commencé la journée de samedi en démolissant le cadre financier caquiste, basé sur d’éventuels surplus.
Quelques jours après que la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc, eut donné sa bénédiction aux prévisions budgétaires du gouvernement libéral, Jean-François Lisée a tenu à mettre un bémol sur ce portrait des finances publiques.
«Lorsqu’on lit correctement (les chiffres), on se rend compte qu’on ne nage pas du tout dans les surplus, a martelé le chef péquiste. Un cadre financier qui est fondé sur de l’argent imaginaire qu’on va aller chercher, c’est … du charlatanisme.»
Interrogé à savoir s’il se concentrait ainsi sur la CAQ car il considère que les caquistes sont ses principaux adversaires dans cette campagne électorale, M. Lisée a répondu laconiquement: «parce que ce sont les pires».
François Legault n’a pas paru décontenancé par cette attaque, se contentant d’assurer que son cadre financier, qui n’a d’ailleurs pas encore été dévoilé, était «impeccable».
En termes d’annonces, Jean-François Lisée, qui a passé une bonne partie de son samedi dans sa circonscription de Rosemont avant de terminer la journée à Longueuil, a révélé qu’un gouvernement péquiste favoriserait l’installation de serres sur les toits des édifices en milieu urbain en accordant aux propriétaires qui en érigent des rabais de taxes foncières de cinq ans.
Plus de places de garderies
En tournée sur la rive sud de Montréal samedi, François Legault a annoncé qu’un gouvernement caquiste parviendrait à libérer 50 000 places dans les garderies à contribution réduite.
Pour réaliser cet exploit, la formation de M. Legault mise sur l’instauration de la maternelle 4 ans pour tous les enfants. Cette mesure permettra aussi aux tout-petits «de se développer à leur plein potentiel et d’éviter un décrochage futur».
Selon le chef de la CAQ, cet engagement est loin d’être hypothétique, même si le chiffre qu’il a avancé est une estimation. «C’est comme une évidence qu’en mettant en place des prématernelles 4 ans, ça va libérer les places en garderie», a-t-il déclaré.
François Legault a aussi réitéré son intention d’abolir ce qu’il qualifie de «taxe famille», soit l’augmentation des frais de garde imposée par le gouvernement libéral, et a précisé ses intentions sur les «maisons des aînés» en indiquant que le secteur privé aurait un rôle à jouer dans celles-ci.
Le chef caquiste s’est par ailleurs réjoui, samedi, que son parti ait battu le record du plus haut pourcentage de candidatures féminines de l’histoire du Québec. Des 125 candidats que la formation présentera aux élections cette année, 65 sont des femmes et 60, des hommes.
QS contre le 3e lien à Québec
Québec solidaire (QS) s’en est quant à lui pris à la proposition de bâtir un troisième lien entre Québec et Lévis, affirmant que l’idée de construire plus d’autoroutes pour remédier à la congestion routière appartenait «aux vieux partis». La CAQ et le PLQ ont l’intention de construire un troisième lien, le PQ attend de consulter les études avant de prendre une décision.
Le co-porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, était dans la capitale nationale pour annoncer qu’un gouvernement solidaire abolirait le bureau de projet et toutes les études de faisabilité sur le troisième lien.
«La science nous dit que créer plus d’autoroutes, ça ne fonctionne pas», a-t-il déclaré.
Selon QS, la solution à la congestion passe par un réinvestissement massif dans les transports en commun.
QS a aussi annoncé, samedi, qu’un gouvernement solidaire présenterait une loi pour mieux encadrer les pratiques d’Airbnb, une plateforme d’hébergement touristique.