Jour 37: un sondage confirme une lutte serrée et le vote par anticipation déçoit

MONTRÉAL — Au 37e jour de la campagne électorale, un nouveau sondage a accordé une fragile avance à la Coalition avenir Québec (CAQ), alors que le taux de vote par anticipation s’est révélé décevant.

Une enquête menée par la firme Ipsos pour le compte de La Presse et de Global News donne 32 pour cent des intentions de vote à la CAQ, contre 31 pour cent au Parti libéral du Québec (PLQ), 18 pour cent au Parti québécois (PQ) et 16 pour cent à Québec solidaire (QS).

Entre-temps, Élections Québec a indiqué que 17,93 pour cent des électeurs avaient exercé leur droit de vote par anticipation, comparativement à 19,27 pour cent il y a quatre ans.

Le PLQ s’en prend à la CAQ

Étant donné la lutte serrée que se livrent libéraux et caquistes, il n’est pas étonnant que le chef du PLQ, Philippe Couillard, ait de nouveau tourné son attention vers la CAQ vendredi.

De passage à Québec, M. Couillard a déclaré que les électeurs devraient s’inquiéter au sujet du plan économique caquiste qui, à deux jours du scrutin, n’a toujours pas reçu l’aval du monde des affaires. Il a ajouté qu’à ses yeux, le plan de M. Legault niait le problème de pénurie de main-d’oeuvre.

Vendredi, le chef libéral a également dû répondre à des questions sur Guy Ouellette, et ce, pour une troisième journée consécutive.

Le candidat libéral dans Chomedey, soupçonné par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) d’être à l’origine de fuites de renseignements policiers sensibles dans les médias, est revenu dans l’actualité en raison de la décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) de ne pas s’opposer à ce qu’on lui rende son ordinateur et son téléphone cellulaire, saisis en octobre dernier.

Sur les réseaux sociaux, M. Ouellette s’est interrogé sur le lien entre ce rebondissement et les allégations de François Legault selon lesquelles il aurait transmis à la CAQ des informations compromettantes sur son propre parti. Malgré la controverse, Philippe Couillard a assuré que Guy Ouellette ferait partie de son caucus s’il était réélu dans Chomedey.

Immigration, universités et baisse d’impôts pour la CAQ

François Legault semblait confondre les compétences fédérales et provinciales, vendredi, en revenant sur la question des immigrants auxquels il imposerait un test de français et un test de valeurs.

Sous un gouvernement caquiste, les nouveaux arrivants qui échoueraient à ces tests deviendraient des sans-papiers, car on leur refuserait un certificat de sélection du Québec. Avant leur expulsion par le fédéral, ils pourraient toutefois rester un certain temps sur le territoire québécois et profiter des services de santé. M. Legault maintient que la facture de ces soins serait refilée à Ottawa, même si cette nouvelle catégorie d’immigrants économiques relèverait du gouvernement provincial.

Toujours vendredi, le chef de la CAQ a déclaré qu’un éventuel gouvernement caquiste refuserait de régler la question du sous-financement des universités québécoises, qui affichent par rapport à leurs consoeurs des autres provinces un manque à gagner évalué à 860 millions $ par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

Interpellé sur cet enjeu après avoir prononcé un discours devant la CCMM, M. Legault a plutôt indiqué qu’un gouvernement caquiste ferait le lien entre les facultés de génie, de sciences de la vie et le développement économique pour accroître le financement des établissements d’enseignement supérieur.

Le chef de la CAQ a aussi dit ne pas pouvoir accéder à la demande de la CCMM, qui souhaiterait que le gouvernement allège les impôts des entreprises afin de leur permettre de mieux concurrencer leurs rivales américaines, mais a plutôt répété qu’il aiderait les compagnies offrant des salaires plus élevés.

M. Legault a également laissé miroiter que son équipe allait tout tenter pour baisser davantage les impôts des contribuables dès que son éventuel gouvernement aurait dégagé des marges de manoeuvre dans son budget, notamment en renégociant à la baisse les enveloppes de rémunération des médecins.

Annonce verte pour le PQ

Le chef péquiste, Jean-François Lisée a parlé d’environnement, vendredi, s’engageant à utiliser une partie des surplus budgétaires pour réduire la «dette environnementale» du Québec.

Lors d’un point de presse à Acton Vale, en Montérégie, M. Lisée a expliqué qu’un gouvernement péquiste utiliserait les surplus dits «imprévus», par exemple ceux générés si la croissance économique est plus forte qu’anticipée, pour nettoyer les rivières et les lacs, et décontaminer les sols.

Un nouveau fonds serait créé pour accueillir les surplus non prévus, qui servent actuellement à la réduction de la dette financière. L’argent n’y serait toutefois versé que si la réserve de stabilisation de l’État est supérieure à 2 milliards $.

Par ailleurs, le PQ s’est tourné vers la Cour supérieure, vendredi, dans l’espoir de faire rapidement fermer un site web présentant des messages racistes accompagnés de son logo et de son slogan, «Sérieusement».

Le parti politique s’est dit atteint dans son droit de propriété intellectuelle et estime qu’il s’agit d’une violation de la Loi électorale.

QS et l’héritage de René Lévesque

Alors que Manon Massé tentait à nouveau d’imposer les changements climatiques comme la «question de l’urne», les allusions à René Lévesque lui collaient à la peau, vendredi.

Or, la porte-parole solidaire persiste et signe: elle se perçoit comme l’héritière du leader indépendantiste, n’en déplaise à d’anciens ministres du PQ.

Dans une lettre, jeudi, cinq ministres et deux directeurs de cabinet du gouvernement de René Lévesque avaient sévèrement blâmé Mme Massé, lui reprochant essentiellement d’avoir tenté d’associer son parti à l’héritage de l’ex-premier ministre.

Le chef péquiste, Jean-François Lisée, a acquiescé, accusant Mme Massé de «tentative d’appropriation politique».

Cette dernière, qui se dit profondément inspirée par René Lévesque, a répliqué que ce grand homme politique appartenait à tous les Québécois.