OTTAWA — Au quatrième jour de la campagne électorale fédérale, les chefs se sont laissé inspirer par les lieux qu’ils ont choisi de visiter.
Justin Trudeau, en Colombie-Britannique, a ainsi décidé de parler de feux de forêt; Yves-François Blanchet, à Saint-Bernard-de-Lacolle, a plaidé pour une meilleure gestion des frontières; et Erin O’Toole, au Québec, a cru y voir l’occasion de parler de corruption.
Dans la ville de Québec, mercredi matin, le chef conservateur a choisi de souligner sa promesse d’une loi anticorruption.
Avant de répondre aux questions des journalistes, il est revenu sur l’affaire SNC-Lavalin pour justifier un besoin de resserrer les lois fédérales.
«Avec des mesures simples et sensées, on peut éviter (…) les scandales comme SNC-Lavalin», a dit le chef conservateur.
Cette affaire n’a pas du tout été reçue de la même manière au Québec qu’ailleurs au Canada. Plusieurs Québécois sont venus, en fait, à la défense de SNC-Lavalin lorsque l’affaire a conduit à la démission de l’ancienne ministre Jody Wilson-Raybould.
Les journalistes qui ont couvert le chef conservateur ont d’ailleurs préféré aborder d’autres sujets.
Ils sont revenus sur la promesse conservatrice d’annuler le programme national de garderies, privant ainsi Québec d’un versement de 6 milliards $ en cinq ans. M. O’Toole a maintenu que son crédit d’impôt aidera toutes les familles du Québec et d’ailleurs au Canada.
Plus tard dans la journée, Erin O’Toole a promis d’accorder plus de pouvoirs au Québec. Il s’est engagé envers un contrat réalisable dans les 100 premiers jours d’un gouvernement conservateur.
Il promet d’octroyer davantage de pouvoirs au Québec en immigration, d’assujettir les entreprises de charte fédérale situées au Québec à la loi 101 et de confier la déclaration de revenus unique au Québec.
Feux et changements climatiques
À Vancouver, le chef libéral Justin Trudeau a promis d’investir 50 millions $ afin de former au moins 1000 pompiers chargés de combattre des feux de forêt. Il distribuerait également 450 millions $ aux provinces et territoires afin qu’ils achètent des équipements pour lutter contre ces incendies.
«Il faut préparer pour les années à venir parce que, malgré ce que pense Erin O’Toole, les changements climatiques sont réels et vont de pire en pire. Et donc, nous devons prendre encore plus d’actions pour protéger les gens ici en Colombie-Britannique et à travers le pays», a lancé M. Trudeau.
L’adversaire conservateur avait prévu le coup et envoyé une lettre, mercredi matin à M. Trudeau pour lui parler de feux de forêt.
«Vous avez déclenché une élection inutile, a écrit M. O’Toole. Je vous demande de mettre vos propres intérêts politiques de côté et de proposer un plan complet, incluant le déploiement des Forces armées canadiennes, pour aider la province de la Colombie-Britannique.»
À ça, le chef libéral a rétorqué que son gouvernement travaille depuis des semaines avec celui de la Colombie-Britannique et que les Forces armées canadiennes sont impliquées dans cet effort.
Les frontières
À des milliers de kilomètres de la côte Ouest, le chef du Bloc québécois est revenu sur la gestion des frontières au début de la pandémie de COVID-19, une «improvisation lourde de conséquences», selon lui.
En conférence de presse à Saint-Bernard-de-Lacolle, à la porte des États-Unis, Yves-François Blanchet a dit que «la santé du public aurait profité d’interventions mieux structurées et plus rapides».
Il n’a cependant pas voulu préciser les «conséquences» des omissions d’Ottawa.
«Je m’abstiens toujours de créer une causalité directe entre les choix du gouvernement et des décès. Je considère qu’il y a une espèce de pudeur à garder avant d’accuser quelqu’un d’être responsable de la mort de quelqu’un d’autre. (…) Je n’irais pas là», a cependant précisé M. Blanchet.
Le Bloc est à rédiger un «protocole» qui précisera les mesures à mettre en place aux frontières lorsqu’il y a menace de pandémie.
Logement abordable
Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh était également en Colombie-Britannique, mercredi. Il s’y inquiétait de la crise du logement.
«Chaque jour, j’entends des jeunes et leurs parents qui craignent de ne jamais avoir les moyens de posséder un foyer convenable», s’est désolé M. Singh dans un communiqué diffusé par son parti.
Il a promis d’imposer une taxe de 20 % sur la vente de propriétés à des acheteurs étrangers, promesse que le Nouveau Parti démocratique (NPD) avait déjà faite en 2019. Le gouvernement Trudeau, dans son dernier budget, a plutôt créé un taxe annuelle de 1 % sur la valeur des maisons dont sont propriétaires des non-résidents.
M. Singh s’est également engagé à faire construire 500 000 logements abordables en 10 ans.