OTTAWA — Justin Trudeau a déclaré mardi matin qu’Ottawa déployait actuellement des efforts pour effectuer des ponts aériens hors du Soudan et que deux navires militaires étaient arrivés au large de ses côtes, alors que le gouvernement misait sur un cessez-le-feu fragile pour aider les efforts d’évacuation dans ce pays d’Afrique de l’Est assiégé.
Le premier ministre a déclaré que le gouvernement fédéral se coordonnait avec ses alliés pour évacuer les citoyens canadiens du Soudan, où des combats entre l’armée et un groupe paramilitaire rival ont éclaté dans ce pays d’Afrique de l’Est au début du mois, faisant des centaines de morts et des milliers de blessés.
«C’est une situation extrêmement difficile, a déclaré M. Trudeau. Il y a très peu d’endroits à partir desquels ces ponts aériens peuvent se faire.»
Une Canadienne au Soudan, Waddaha Medani, âgée de 29 ans, a déclaré qu’elle s’était rendue dans une base aérienne à la périphérie de la capitale, Khartoum, mardi matin après avoir appris un vol d’évacuation présumé.
Elle a déclaré à La Presse Canadienne dans des messages échangés mardi qu’elle était montée à bord d’un avion allemand qui devait partir pour la Jordanie, où on lui a dit qu’elle pourrait ensuite prendre un vol de retour vers Ottawa.
M. Trudeau a déclaré lundi que 58 Canadiens avaient déjà quitté le pays sur un vol allemand et qu’un avion de transport C-17 se trouvait dans la région.
Un porte-parole du ministère de la Défense a déclaré mardi que la frégate NCSM Montréal et le navire de ravitaillement MV Asterix avaient été réaffectés en mer Rouge pour soutenir l’effort au Soudan, ajoutant que la région faisait partie de son plan de navigation.
Un communiqué de presse du 26 mars, lorsque les navires ont été déployés, indique qu’ils se dirigeaient vers la région indo-pacifique dans le cadre de l’opération «Projection». On le présentait alors comme le premier déploiement d’un équipage de la côte est dans l’Indo-Pacifique, dans le cadre du plan du Canada visant à y faire passer sa présence de deux frégates à trois.
Un hélicoptère CH-148 Cyclone fait aussi partie du déploiement sur la frégate Montréal.
Plus tôt mardi, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré que plus de 100 Canadiens avaient déjà quitté le pays. Elle a remercié l’Allemagne, la France, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite pour avoir «aidé à évacuer» les Canadiens.
Mme Joly a déclaré que ceux qui avaient maintenant quitté le pays faisaient partie des 1703 Canadiens enregistrés auprès du gouvernement et contactés par les autorités fédérales. De ce nombre, 573 personnes ont demandé de l’aide, a-t-elle déclaré.
La ministre indique que le gouvernement fédéral fournit également des informations aux personnes qui tentent de quitter le pays par leurs propres moyens. Elle souligne qu’un passage sûr pour les Canadiens a déjà été négocié avec plusieurs pays de la région, dont le Kenya, l’Éthiopie et l’Égypte.
Cessez-le-feu peu respecté
Alors qu’elle qualifie la situation au Soudan de «toujours fragile», la ministre Joly a déclaré qu’un cessez-le-feu de trois jours annoncé lundi soir contribuait aux efforts d’évacuation.
«Nous travaillons pour nous assurer que nous effectuons notre propre évacuation civile, mais nous ne perdons pas de temps. Et nous veillons à ce que cela se produise au moment où on se parle», a-t-elle déclaré.
Mais les combats se sont poursuivis mardi, même si les généraux à la tête de l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide rivales s’étaient engagés à observer la trêve.
Des explosions, des coups de feu et le rugissement d’avions de guerre ont été entendus mardi dans la région de la capitale.
Les habitants ont fait état d’une escalade des affrontements dans la province du Darfour occidental, où les Forces de soutien rapide ont leurs racines, nées des milices Janjaweed accusées d’atrocités généralisées en réprimant une rébellion au début des années 2000.
Un certain nombre de courts cessez-le-feu au cours de la semaine dernière ont échoué ou n’ont apporté que de petites trêves dans les affrontements qui font rage depuis le 15 avril entre les forces rivales dirigées par les deux principaux généraux du pays.
Alors que les accalmies ont entraîné l’évacuation de centaines d’étrangers, elles n’ont apporté que peu de soulagement à des millions de Soudanais qui peinent à trouver de la nourriture, un abri et des soins médicaux, dans un pays où un tiers de la population de 46 millions d’habitants avait déjà besoin d’aide humanitaire.
Des civils font partie des 459 personnes tuées et 4070 blessées, au moins, depuis le début des combats, a déclaré l’Organisation mondiale de la santé des Nations unies, citant le ministère soudanais de la Santé.
M. Trudeau a également indiqué mardi qu’il avait parlé avec le président de l’Union africaine pour offrir le soutien du Canada.
La ministre de la Défense nationale, Anita Anand, a déclaré que le gouvernement tentait d’aider quiconque en aurait besoin, mais elle a qualifié la situation «d’extrêmement instable et extrêmement intense».