OTTAWA — La cheffe d’un groupe de défense des droits des Premières Nations veut voir la décharge de Winnipeg, où les restes de deux femmes autochtones ont été retrouvés, fermer définitivement.
«Je pense que, compte tenu des circonstances, cela devrait être le cas. Ce n’est pas un problème isolé», a déclaré la grande chef Cathy Merrick de l’Assemblée des chefs du Manitoba lors d’un entretien téléphonique, mercredi.
«Je sais qu’il y a beaucoup de [femmes autochtones] qui ont disparu au fil du temps, et je suis à peu près sûre que certaines de ces femmes se trouvent dans la décharge de Brady», a-t-elle ensuite avancé.
L’unité des homicides de Winnipeg a ouvert une enquête après que le personnel de la décharge de Brady Road, au sud de la ville, a découvert lundi le corps de Linda Mary Beardy, 33 ans. La cause et e moment de sa mort n’ont pas été révélées.
La décharge a été fermée le temps de l’enquête policière. La Ville a déclaré que des plans d’urgence pour les ordures et le recyclage étaient en place.
Mme Merrick a déclaré que la Ville devrait envisager d’ouvrir une nouvelle décharge qui comprendrait des mesures pour aider les enquêtes policières lorsque de telles situations se produisent.
«Je sais que cela n’arrivera pas aujourd’hui, mais c’est quelque chose qu’ils doivent également examiner», a-t-elle suggéré.
L’assemblée a appelé à l’incorporation de nouvelles technologies dans les décharges, y compris le contrôle et la numérisation des camions avec des numéros de série, des dates et des heures qui coïncident avec le déchargement des charges. Il a déclaré que les décharges doivent également suivre les itinéraires et les délais.
«C’est honteux. Nous devons sortir chercher nos femmes dans les décharges», a déploré Mme Merrick.
La Ville de Winnipeg a déclaré dans un communiqué mercredi soir qu’elle n’envisageait pas la fermeture permanente de la décharge de Brady Road. Elle a affirmé qu’il s’agissait de la seule décharge détenue et exploitée par la municipalité dans la région de la capitale et que l’endroit est le plus grand de la région.
Les véhicules de collecte des ordures sont équipés d’appareils GPS qui permettent de suivre des charges spécifiques et où les matériaux sont déposés dans la décharge, a indiqué la Ville. Le personnel est également formé pour signaler tout matériel suspect à la police.
Le conseiller municipal Markus Chambers a tout de même soutenu que les découvertes indiquent le «travail en amont« que la Ville doit faire pour soutenir les communautés autochtones.
«[Ces femmes] se retrouvent dans des décharges, a-t-il déploré. Nous devons être en mesure de prévenir ces drames.»
M. Chambers a ajouté qu’il doit y avoir plus de soutien pour les femmes et les filles qui viennent dans la ville en provenance des communautés autochtones, notamment en éduquant les gens sur les défis de la vie en milieu urbain.
Mme Beardy était mère et membre de la Première Nation du lac St- Martin, mais vivait à Winnipeg au moment de sa mort. On a dit à Mme Merrick que personne n’avait eu de nouvelles de la jeune mère pendant environ une semaine avant que sa dépouille ne soit retrouvée.
La police a déclaré qu’elle ne croyait pas que son cas soit lié au meurtre de Rebecca Contois, dont les restes ont été retrouvés dans la même décharge l’année dernière, ou au meurtre de trois autres femmes.
La police a déclaré croire que les restes de Morgan Harris et Marcedes Myran se trouvaient dans la décharge privée de Prairie Green au nord de Winnipeg, mais leurs corps n’ont pas été retrouvés.
Jeremy Skibicki a été accusé de meurtre au premier degré dans la mort de Mmes Contois, Harris et Myran – toutes des femmes des Premières Nations, ainsi que d’une femme non identifiée que les dirigeants autochtones ont nommée Mashkode Bizhiki’ikwe, ou Buffalo Woman. La police n’a pas non plus localisé sa dépouille.
La classe politique ébranlée
Le premier ministre Justin Trudeau a présenté ses condoléances mercredi à la famille de Mme Beardy et à l’ensemble de la communauté autochtone. Il a déclaré que le gouvernement fédéral devait faire plus pour mettre fin à l’épidémie de violence à laquelle les femmes et les filles autochtones sont confrontées.
Trudeau a déclaré qu’il était déchirant que des découvertes comme celles-ci continuent de se produire.
« Mes pensées vont à la communauté de Winnipeg et aux familles de la femme qui a été… laissée de cette façon », a déclaré Trudeau.
Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que le gouvernement fédéral devait faire plus pour mettre fin à l’épidémie de violence à laquelle les femmes et les filles autochtones sont confrontées après que la police a trouvé le corps d’une autre femme autochtone dans une décharge cette semaine.
Le premier ministre affirme que son gouvernement libéral a fait d’importants progrès dans la lutte contre la violence fondée sur le sexe, mais qu’il peut faire davantage.
«Nous continuerons d’être là avec la communauté alors qu’elle est en deuil, mais nous continuerons également d’être là pour mettre fin à cette violence inadmissible», a-t-il ajouté.
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a souligné que cette découverte met en évidence la nécessité de mettre en œuvre les 231 appels à la justice de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
«Des femmes meurent, des vies sont prises et nous devons prendre cela au sérieux», a déclaré M. Singh.
Le ministre fédéral des Relations Couronne-Autochtones Marc Miller a félicité les travailleurs de la décharge municipale de Brady pour leur «vigilance accrue» dans la recherche des restes de Mme Beardy.
M. Miller a également déclaré qu’une étude sur la faisabilité de rechercher dans la décharge de Prairie Green les restes de Mmes Harris et Myran devrait être achevée dans les prochaines semaines.
Le gouvernement fédéral a investi 500 000 $ en février pour l’étude d’un site d’enfouissement potentiel.
Un comité mené par des Autochtones et dirigé par l’Assemblée des chefs du Manitoba a fait savoir mardi que l’étude devrait être terminée dans quatre à six semaines. L’organisation a ajouté qu’elle est convaincue que l’étude «jugera ces efforts de recherche et de récupération réalisables».
La décharge de Brady doit rester indéfiniment fermée. La Ville a déclaré que des plans d’urgence pour les ordures et le recyclage sont en place et que les travailleurs tentent de maintenir ces services sans interruption pendant la fermeture.