La Conférence des religieux et religieuses de France égratigne le Vatican sur L’Arche

VATICAN — La Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) demande aux autorités ecclésiastiques d’assumer la responsabilité des horribles cas d’agressions sexuelles, spirituelles et psychologiques commises à L’Arche, un organisme fondé d’abord en France par le Canadien Jean Vanier. 

Sœur Véronique Margron, présidente de la Corref, a publié jeudi une analyse dévastatrice des implications de l’enquête de deux ans menée sur L’Arche, sur son fondateur Vanier et son gourou spirituel, le père Thomas Philippe.

Le rapport d’enquête de 454 pages, publié le 30 janvier, propose un examen minutieux de la façon dont Vanier a créé une «secte» secrète au sein de l’Église catholique, entièrement conçue pour nourrir ses appétits sexuels par le «délire collectif» et les pratiques «mystico-sexuelles», que le fondateur de L’Arche justifiait par des motifs spirituels.

Usant de la séduction, de la manipulation, du secret et de la coercition, le charismatique Vanier a initié jusqu’à 25 jeunes femmes engagées dans L’Arche aux «pratiques mystico-sexuelles» de la secte, les convainquant de sa sainteté tout en les agressant sexuellement et spirituellement, selon le rapport d’enquête.

Dans un communiqué publié jeudi, sœur Margron estime que «c’est donc bien aujourd’hui toute une culture ecclésiale, théologique, pastorale qu’il faut interroger tant elle a été le terreau des abus, de la manipulation, de l’agression, du mensonge et même de la mort».

Elle ajoute que le rapport révélait également comment le secret et «le grand silence» du Vatican ont rendu possible «la perpétuation du délire gnostique» de Vanier et Philippe, «ainsi que leur impunité et leurs abus».

Philippe, qui a fait l’objet d’un procès canonique pour abus et «faux mysticisme» dans les années 1950, est décédé en 1993. Vanier est décédé en 2019; l’année suivante, L’Arche a publié un rapport préliminaire détaillant les agressions qu’il avait commises en tant que fondateur de L’Arche, une organisation qui accueille des adultes ayant un handicap intellectuel.

L’Arche avait commandé le rapport le plus complet à six chercheurs de différentes disciplines — histoire, sociologie, psychiatrie, psychanalyse et théologie. Ils ont mené 119 entretiens et ont eu accès aux archives de l’Église, y compris celles de l’enquête du Saint-Office sur le père Philippe.

Les conclusions de ce rapport sont les plus récentes à documenter des cas d’agressions sexuelles et spirituelles de femmes adultes par des prêtres ou des leaders laïcs charismatiques, que le Vatican a longtemps écartés comme de simples «violations des limites» par des hommes par ailleurs chastes.

Récemment, dans une entrevue accordée à l’Associated Press, le pape François a reconnu comment les femmes peuvent être abusées par ces personnalités «séductrices» qui manipulent leurs victimes pour des raisons spirituelles afin de profiter d’elles sexuellement.

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