La décision d’Equinor de forer au large de Terre-Neuve n’inquiète pas Guilbeault

SAINT-JEAN, T.-N.-L. — Au milieu d’un été de graves incendies de forêt et d’inondations majeures, le ministre fédéral de l’Environnement ne s’inquiète pas des projets d’Equinor de forer davantage de pétrole au large de Terre-Neuve.

Les habitants de la planète utiliseront encore du pétrole dans un monde carboneutre, bien que beaucoup moins qu’aujourd’hui, a rappelé Steven Guilbeault aux journalistes mercredi. Mais quel que soit le pétrole ou le gaz que nous utiliserons encore en 2050, l’important, a-t-il dit, c’est de s’assurer que les émissions soient capturées et séquestrées.

«Et c’est exactement l’une des conditions que nous avons posées, pour la première fois dans l’histoire du Canada, à l’approbation du projet Bay du Nord», a-t-il assuré mercredi.

Le ministre Guilbeault a approuvé en avril le développement pétrolier extracôtier de Bay du Nord, suscitant la colère des climatologues et des écologistes. Le champ pétrolifère se trouve à environ 500 km au large de la côte de Saint-Jean, dans une région appelée le bassin de la passe Flamande. On pensait à l’époque que ce champ pétrolifère pouvait receler environ 300 millions de barils de pétrole récupérable; ce chiffre a depuis grimpé à près d’un milliard de barils.

La société norvégienne Equinor a annoncé plus tôt cette année qu’elle suspendait le projet pendant au moins trois ans, en raison de conditions défavorables sur les marchés de l’or noir. Mais Equinor a annoncé lundi qu’elle avait commandé un forage pour rechercher encore plus de pétrole dans la région; ce forage doit commencer l’année prochaine.

En visite au Labrador mercredi, le ministre Guilbeault a déclaré que peu importe la quantité de pétrole extraite au cours de l’année à venir, les émissions de gaz à effet de serre du secteur pétrolier et gazier devront être réduites pour que le Canada atteigne ses objectifs climatiques. Il s’attend à déposer de nouveaux règlements cet automne qui obligeraient les producteurs de pétrole et de gaz à procéder à ces réductions.

Les climatologues et les écologistes ont critiqué la politique climatique fédérale parce qu’elle ne tient pas compte des émissions en aval, produites lorsque le pétrole extrait est brûlé comme carburant. Des groupes écologistes ont d’ailleurs vainement contesté en Cour fédérale l’approbation de Bay du Nord par le ministre Guilbeault, en invoquant justement les émissions en aval. 

Le ministre a déclaré mercredi qu’il y avait une «discussion mondiale» en cours sur la question de savoir si les émissions en aval devraient faire partie du processus d’évaluation d’impact des développements pétroliers et gaziers. Ces considérations ne font que commencer, a-t-il dit.

Il n’a pas voulu dire si les émissions en aval seraient incluses dans l’une des nouvelles lois sur lesquelles il travaille pour l’automne.

M. Guilbeault était mercredi au Nunatsiavut, la région inuite du Labrador, afin d’annoncer un financement de plus de 3 millions $ pour des projets de conservation et de lutte contre le changement climatique dirigés par les Inuits. Le Nunatsiavut, patrie traditionnelle des Inuits du Labrador, comprend cinq communautés accessibles par avion le long de la côte nord de la région.

Laisser un commentaire

Les commentaires sont modérés par l’équipe de L’actualité et approuvés seulement s’ils respectent les règles de la nétiquette en vigueur. Veuillez nous allouer du temps pour vérifier la validité de votre commentaire.