MONTRÉAL – La défense au procès pour fraude de l’ex-maire de Montréal par intérim Michael Applebaum a soutenu, lundi, que la preuve de la Couronne est bien mince et repose sur la parole de témoins à charge qui ont voulu faire porter tout le blâme sur l’accusé afin «de sauver leur peau».
Dans ses plaidoiries finales, l’avocat de la défense, Pierre Teasdale, a affirmé que chacun des quatre témoins appelés à la barre par la Couronne avait admis sa participation dans les gestes reprochés, mais qu’aucun d’entre eux n’avait été accusé après avoir accepté de témoigner contre Michael Applebaum.
Selon la défense, même si les témoins à charge n’ont pas obtenu l’immunité, ils avaient des motifs raisonnables de croire qu’ils ne seraient pas poursuivis s’ils acceptaient de collaborer avec la justice. Me Teasdale a par ailleurs plaidé lundi que la Couronne avait présenté bien peu d’éléments pour corroborer les témoignages entendus au procès.
Michael Applebaum a plaidé non coupable aux 14 chefs d’accusation auxquels il fait face, notamment pour fraude et abus de confiance. La Couronne allègue que le vétéran politicien a accepté des pots-de-vin, par le biais d’un bras droit, en échange de faveurs accordées à des promoteurs immobiliers et des firmes de génie-conseil. Le bras droit en question, Hugo Tremblay, ancien chef de cabinet du maire Applebaum, a témoigné pour la Couronne au procès.
Ces accusations sont liées à de présumés crimes survenus lors de la négociation de deux contrats distincts, de 2007 à 2010, alors que M. Applebaum était maire de l’arrondissement Côte-des-Neiges—Notre-Dame-de-Grâce. Il a aussi été plus tard maire intérimaire de Montréal pendant sept mois, de novembre 2012 à juin 2013, lorsque Gérald Tremblay s’est retiré.
De retour mercredi
Dans son plaidoyer final, la semaine dernière, la Couronne avait soutenu que les témoignages entendus pendant sept jours étaient crédibles et qu’ils suffisaient à démontrer l’implication de Michael Applebaum dans ces fraudes présumées.
Michael Applebaum n’a pas témoigné à son procès, qui s’est déroulé devant juge seule. La défense, qui n’a pas appelé de témoins, devrait compléter ses plaidoiries finales mercredi.
Au cours du procès, Hugo Tremblay a raconté comment il avait laissé entendre à des promoteurs et des gens d’affaires que leur projet serait retardé ou même rejeté s’ils ne versaient pas une contribution au maire. L’ex-chef de cabinet de M. Applebaum soutient qu’il a partagé ensuite ces sommes avec son patron.
Dans ses plaidoiries finales, la procureure de la Couronne Nathalie Kleber a soutenu la semaine dernière que M. Tremblay était un néophyte en politique à cette époque, et que c’est M. Applebaum, selon ses dires, qui lui aurait appris comment recueillir des fonds — de façon légale, mais aussi illégale. Me Kleber a plaidé que les témoins de la poursuite sont crédibles et que la somme de leurs récits est suffisante pour démontrer l’implication de M. Applebaum dans le stratagème de pots-de-vin.
Mais selon Me Teasdale, la Couronne n’a pu corroborer le témoignage d’Hugo Tremblay et démontrer que M. Applebaum aurait effectivement touché une partie des sommes recueillies par le chef de cabinet. Il a qualifié d’«opportuniste» ce témoin vedette qui, une fois mis au courant de l’enquête menée par la police sur son patron, a vu une occasion d’éviter les poursuites contre lui.
La défense a aussi suggéré à la juge Louise Provost, de la Cour du Québec, que les liens entre M. Tremblay et son contact à la police étaient devenus extrêmement personnels au fil de l’enquête.