MONTRÉAL — La FIQ était encore en audience devant le Tribunal administratif du travail, jeudi en fin d’après-midi, à cause du refus annoncé des infirmières de faire des heures supplémentaires obligatoires, samedi et dimanche.
Pendant ce temps, à Québec, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a tenu à rassurer les infirmières: «vous êtes entendues; on comprend votre épuisement; on est au rendez-vous» pour négocier, a-t-elle affirmé.
Le Tribunal administratif du travail a convoqué la Fédération interprofessionnelle de la santé à la suite d’une demande d’intervention du Comité patronal de négociation.
Ces employeurs du réseau de la santé craignent que les services normalement dispensés à la population soient compromis si les infirmières s’en tiennent à leur horaire de travail régulier, comme elles ont prévu de le faire durant deux jours, la fin de semaine prochaine.
La FIQ avait déjà eu recours à ces «Journées sans TSO» — temps supplémentaire obligatoire — le 8 avril 2019 et durant 24 heures, du 15 au 16 novembre dernier.
La FIQ décrit ces journées comme des «journées sans travail forcé» ou des journées où ses membres ne seront pas «prises en otages». Les 24 et 25 octobre, les infirmières qui le désirent pourront faire des heures supplémentaires, a précisé la présidente de la FIQ, Nancy Bédard. Ce sont les heures supplémentaires obligatoires que les membres de la FIQ refuseront de faire durant ces deux journées.
La Cour suprême du Canada a déjà statué, dans un arrêt rendu en 2015, que le droit de grève bénéficie d’une protection constitutionnelle. Or, dans le cas de la FIQ, il n’est même pas question de grève, mais de s’en tenir à son horaire régulier de travail, de refuser les heures supplémentaires obligatoires.
Mais il existe aussi une pénurie d’infirmières et une pandémie qui a fragilisé le réseau de la santé.
Québec se dit ouvert
En point de presse à Québec, la présidente du Conseil du trésor a voulu marteler le message de l’ouverture du gouvernement à négocier pour réduire la surcharge de travail des infirmières. «Les sommes sont présentes pour régler la surcharge de travail», a-t-elle réitéré, comme le premier ministre François Legault l’avait dit la veille.
Le premier ministre avait toutefois laissé entendre que compte tenu de l’état des finances publiques à cause de la pandémie, il ne pourrait à la fois accorder des augmentations de salaire supérieures à l’inflation et investir pour réduire la charge de travail.
La ministre LeBel a donc invité non seulement la FIQ, mais tous les syndicats du secteur public, à élaguer leurs demandes et à les «recentrer».
La FIQ a deux demandes principales pour réduire la charge de travail: l’établissement de ratios infirmière-patients sécuritaires et la formation d’équipes de travail complètes et stables, en créant davantage de postes à temps complet qui permettent la conciliation travail-famille.
Mme Bédard a déjà fait valoir que si les infirmières ne sont pas intéressées aux postes à temps complet qui sont affichés, c’est parce qu’ils incluent par exemple des quarts de travail de jour, de soir et de nuit, ou du travail sur trois unités de soins différentes. La FIQ revendique donc des postes à temps complet qui soient «attractifs».