FREDERICTON — La police du Nouveau-Brunswick met en garde contre la tentation de faire justice soi-même, après une série de crimes sur une île éloignée de la baie de Fundy, mais une politicienne locale affirme que les résidents sont de plus en plus désespérés.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) enquête sur trois événements survenus à Deer Island, une petite île reliée par traversier au sud-ouest du Nouveau-Brunswick.
La police a déclaré plus tôt cette semaine qu’un véhicule avait été gravement endommagé au terminal de traversiers de l’île, qu’une maison abandonnée avait été incendiée et que du carburant avait été volé au terminal.
La GRC n’a pas précisé comment les événements sont liés ni pourquoi elle craint que les résidants n’envisagent de faire de l’auto-justice.
Le porte-parole du corps policier, le caporal Stéphane Esculier, dit que la GRC ne tolère pas que les membres du public prennent en main les affaires policières, ce qui, selon lui, pourrait entraîner des blessures graves ou la mort de quelqu’un.
«Nous avons besoin que les communautés et les citoyens travaillent avec nous – légalement et en toute sécurité – afin de protéger tout le monde», a-t-il déclaré.
Andrea Anderson-Mason, une députée provinciale du sud-ouest du Nouveau-Brunswick, dit que les résidants et les propriétaires d’entreprises de sa circonscription sont désespérés après avoir fait face à de nombreux vols et crimes.
Mais elle dit qu’elle ne caractériserait pas les insulaires comme s’engageant dans une forme de justice personnelle.
«C’est un acte de désespoir, a-t-elle déclaré. Il s’agit de personnes qui sentent qu’elles font ce qu’elles doivent faire pour être protégées et se sentir en sécurité dans leur collectivité, et s’assurer que leurs maisons sont sûres pour leurs proches.»
Elle a déclaré que son bureau avait reçu une augmentation des appels téléphoniques concernant les introductions par effraction et les vols.
«Je le ressens moi-même, a fait savoir l’élue dans une interview vendredi. Je garde mes portes verrouillées, même lorsque je sors de ma voiture juste pour aller au marché, car nous avons eu des voitures volées dans la rue Main à St. George, ce qui, il y a quelques années, nous était complètement inconnu.»
Les habitants de l’île, qui compte environ 700 habitants, «sont très frustrés, car ils ont l’impression de payer les mêmes impôts que tout le monde, mais ne reçoivent pas nécessairement les mêmes services», d’autant plus que les policiers doivent utiliser le traversier pour venir desservir les résidents.
Bonnie Morse, mairesse de Grand Manan, une plus grande île de la baie de Fundy, dit qu’elle entend également plus de plaintes de petits vols dans sa communauté d’environ 2500 personnes.
«Déverrouiller votre porte, laisser les clés dans la voiture, ce sont des choses avec lesquelles nous avons grandi, a-t-elle dit, et vous ne pouvez plus faire ça.»
Grand Manan a connu sa part d’auto-justice de haut niveau au fil des ans, et « ce n’est pas joli », plaide la mairesse.
Plus tôt cette année, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a annoncé un financement de 20 millions $ pour 80 agents supplémentaires de la GRC. La province a déclaré qu’environ 50 agents seraient en poste dans les communautés rurales. Le ministère de la Justice de la province a redirigé toutes les questions vers la GRC.
Mme Morse a déclaré qu’elle n’était pas sûre que davantage d’officiers s’attaqueraient aux principaux problèmes auxquels l’île est confrontée, notamment la toxicomanie et les problèmes de santé mentale. Les services de soutien peuvent être difficiles d’accès dans toute la province, mais encore plus dans les communautés rurales, où « votre sort est déterminé par l’horaire du traversier », a-t-elle déclaré.
«C’est facile de dire que c’est la GRC parce qu’ils sont en première ligne, et ils ont certainement un rôle à jouer, a-t-elle ajouté, mais ce n’est pas aussi simple que de dire: ‘avoir plus de GRC, ça arrangera tout’»
«Je ne pense pas que ce sera le cas», admet-elle.