QUÉBEC — Celle qu’on surnomme «La Maison du peuple» ferme sa porte à double tour au peuple québécois depuis maintenant trois mois. Et elle restera encore fermée pour un temps indéterminé.
Rien n’indique que l’Assemblée nationale s’ouvrira aux visiteurs de sitôt, selon les informations obtenues par La Presse canadienne. Aucune date ne circule.
Les citoyens qui nourrissaient le projet d’arpenter les couloirs lambrissés de leur parlement, chargés d’histoire, risquent donc de devoir prendre leur mal en patience.
Le président de l’Assemblée nationale, François Paradis, de qui relèvera la décision de fixer une date, a refusé une demande d’entrevue à ce sujet.
L’exclusion de tout visiteur, justifiée par la pandémie, est survenue au moment où l’Assemblée nationale cherchait à attirer davantage de citoyens.
L’an dernier, l’Assemblée nationale a accueilli pas moins 120 451 visiteurs, souvent des groupes, jeunes et adultes, venus se familiariser avec l’histoire politique du Québec et tenter de comprendre les subtilités du parlementarisme.
La direction de l’institution s’est fixée alors l’objectif d’augmenter à plus de 160 000 le nombre de ses visiteurs d’ici trois ans.
C’est la première fois depuis la construction de l’hôtel du Parlement, entamée en 1877, que les citoyens se butent à des portes closes durant une aussi longue période.
Une des attractions de la ville de Québec, le parlement est un lieu public qui, ultimement, appartient à la population.
Seule exception à la situation actuelle: le parlement accueillera durant l’été un «camp de jour citoyen» destiné aux jeunes de 9 à 14 ans intéressés à s’initier à la vie parlementaire dans un contexte ludique.
Si les lieux, en raison de la pandémie, demeurent inaccessibles aux citoyens, il en va autrement des élus. Il y a quelques semaines, l’Assemblée nationale a pu reprendre vie et poursuivre les travaux parlementaires en cours, laissés en plan le 12 mars.
On a trouvé une formule qui permette à la fois de mener à bien les travaux (périodes de questions, étude des projets de loi, consultations) jusqu’à la fin de la session parlementaire, le 12 juin, tout en respectant les consignes sanitaires et la règle de distanciation de deux mètres.
La nouvelle formule prévoit notamment qu’un nombre très réduit de députés peut être présent en même temps au Salon bleu (environ 36 élus au lieu de 125).
Ironie du sort, cette longue éclipse se poursuit alors que le parlement vient tout juste de se refaire une beauté, au coût de 60 millions $.
Le but des rénovations, complétées il y a à peine un an, était double: rehausser les mesures de sécurité et rendre le lieu plus accessible, plus moderne et plus attrayant pour les visiteurs.
Un des points forts des rénovations a été la création, sous terre, d’un nouveau pavillon d’accueil comprenant une vaste agora multifonctionnelle, inondée de lumière naturelle, une salle «ouverte à tous», censée attirer les groupes et «appartenir aux gens», comme disait M. Paradis, en décembre 2018.
Il se disait alors persuadé que «tout le monde va y trouver son compte pour faire en sorte que, quand on regardera l’Assemblée, on dira: « Ca, c’est ma maison »».