L’un des groupes de conservation les plus importants du Canada a conclu un accord pour acheter la plus grande île privée du lac Supérieur, ce qui la protégera du développement.
L’île Batchawana, située à 45 kilomètres au nord de Sault-Sainte-Marie en Ontario, sera acquise par Conservation de la nature Canada (CNC) pour un montant de 7,2 millions $, une fois que l’organisation aura réuni la somme de 1,2 million $ nécessaire à l’achat.
«L’impact de la conservation de la plus grande île privée du lac Supérieur ne peut pas être sous-estimé», a écrit dans un communiqué Kaitlin Richardson, directrice du programme de Conservation de la nature Canada pour le nord de l’Ontario.
«Les plantes et les animaux qui dépendent de l’île Batchawana sont uniques et précieuses, indique Kaitlin Richardson dans le communiqué. J’attends avec impatience le jour où nous pourrons affirmer qu’elles resteront ainsi pour toujours.»
L’île, d’une superficie d’environ 2100 hectares, abrite plusieurs espèces importantes d’animaux et d’arbres et appartient à l’investisseur américain Joe Acheson depuis une vingtaine d’années.
M. Acheson possède plusieurs parcelles de terre dans le district d’Algoma, en Ontario, et a mis en vente l’île de Batchawana en février 2022, selon Conservation de la nature Canada.
Rob Cormier, président de la société d’arpentage des ressources naturelles R&B Cormier, qui travaille avec le propriétaire américain de l’île depuis 2012, a déclaré que M. Acheson avait l’intention depuis des années d’établir un club exclusif de pêche sportive, de chasse et d’entraînement olympique financé par l’exploitation forestière. Mais l’opposition locale à l’installation d’un quai pour les barges et à l’obtention de certains permis nécessaires a fait obstacle à ce projet.
Les entreprises forestières du Michigan qui souhaitaient commercialiser le bois de l’île ont été dissuadées par les mêmes complications, a expliqué M. Cormier, en soulignant que Batchawana abrite des érables à sucre, de bouleaux jaunes, d’épinettes blanches et noires, de thuyas occidentaux et autres variétés de grande valeur.
Mme Richardson a indiqué que l’organisation Conservation de la nature Canada était en concurrence avec des promoteurs de chalets et des exploitants forestiers pour l’obtention de l’île, mais qu’elle a finalement eu gain de cause.
L’organisation à but non lucratif doit acheter les propriétés à leur juste valeur marchande, ce qui peut s’avérer difficile compte tenu de la hausse des prix de l’immobilier, a-t-elle expliqué.
Lorsque le marché de l’immobilier est en pleine effervescence, «il est plus difficile pour la CNC d’être compétitive, car il y a tellement d’offres qui circulent et les gens ont beaucoup de revenus à dépenser», a-t-elle déclaré. Le ralentissement économique aux États-Unis a peut-être rendu le retour sur investissement de l’île moins attrayant pour d’autres acheteurs potentiels, a-t-elle ajouté.
Les 27 kilomètres de littoral de l’île comprennent des caractéristiques allant des plages de sable aux falaises de galets et de rochers et fournissent des habitats à 36 oiseaux d’importance provinciale, a indiqué Mme Richardson.
L’île abrite également des forêts qui regorgent d’orignaux, de loups et d’ours, ainsi que des zones humides qui ont le potentiel de stocker du carbone équivalant à l’énergie utilisée par 500 000 foyers, selon CNC.
L’île se trouve sur les terres ancestrales de la Première Nation Batchewana, que l’organisation a tenue informée de l’avancement de son offre d’achat tout au long de l’année dernière, a ajouté Mme Richardson.
Les contributions à l’effort d’achat de la conservation proviennent d’importants donateurs privés, de fondations partenaires, de subventions gouvernementales et de la communauté dans son ensemble, a mentionné Mme Richardson, qui se dit convaincue que l’organisation sera en mesure de réunir les fonds nécessaires d’ici le 9 mai pour conclure l’accord.
L’achat, a-t-elle ajouté, marquera une étape importante.
«Nous en parlerons pendant des années. Et nous n’aurons plus à parler de celui qui nous a échappé, a-t-elle précisé. Nous sommes très enthousiastes.»
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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière des Bourses de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.