MONTRÉAL — Les femmes qui ont souffert de prééclampsie pendant leur grossesse ont un risque presque quatre fois plus élevé d’être victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC) plus tard pendant leur vie, prévient une nouvelle étude.
Cette conclusion découle de l’examen de 1435 participantes à la gigantesque étude épidémiologique Framingham, qui s’est intéressée aux causes des maladies cardiovasculaires. La santé des participants été évaluée aux deux ans entre 1948 et 2016.
«La prééclampsie est un peu une manifestation d’une maladie vasculaire qui, à long terme, avec les années, va se développer», a résumé la docteure Line Leduc, du CHU Sainte-Justine.
Depuis environ dix ans, poursuit-elle, les médecins réalisent que les femmes qui souffrent de prééclampsie sont ensuite plus à risque de certaines complications vasculaires.
La prééclampsie surviendrait dans environ une grossesse sur 25 aux États-Unis. Le problème se produit lorsqu’une femme dont la pression artérielle était précédemment normale commence à souffrir d’hypertension après 20 semaines de grossesse.
La prééclampsie peut avoir des répercussions graves sur la santé de la mère et de l’enfant si elle n’est pas traitée.
Les chercheurs de l’Université de l’Utah qui ont réalisé la nouvelle étude ont constaté que, après ajustement pour des facteurs de risque traditionnels comme le tabagisme, la sédentarité ou le surpoids, la prééclampsie émerge comme un facteur de risque significatif pour les AVC, a expliqué la docteure Leduc.
«C’est une première, mais est-ce qu’on est étonnés?, a-t-elle dit. Non, ça ne m’étonne pas, parce que depuis à peu près dix ans il y a régulièrement des articles d’association avec des complications vasculaires à long terme qui sont plus fréquentes, comme l’hypertension chronique.»
Cette réalisation émergente que la prééclampsie n’est pas un problème de santé qui apparaît pendant la grossesse pour ensuite disparaître sans laisser de traces ouvre la porte à des discussions avec les femmes concernant les facteurs qu’elles peuvent modifier pour réduire leur risque d’être victime d’une maladie cardiovasculaire, a ajouté la docteure Leduc.
«La grossesse, c’est un peu un regard sur notre futur, et dans les complications possibles qui pourraient survenir, il y a parfois des facteurs de risque qui sont reliés à des habitudes de vie, qui sont modifiables, et qu’on peut peut-être changer pour retarder l’apparition de ces complications-là à long terme», a-t-elle dit.
Pour le moment, conclut-elle, la littérature scientifique tend à démontrer que les femmes qui souffrent de prééclampsie avaient déjà une maladie vasculaire sous-jacente qui ne s’était pas encore manifestée.
Comme les femmes qui vivent une première grossesse sont fréquemment assez jeunes, l’apparition de la prééclampsie pourrait donc les prévenir qu’elles devront apporter une attention particulière à leur santé cardiorespiratoire au cours de leur vie.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical JAMA Network Open.