MONTRÉAL — Relations sociales, performances académiques, transition d’un niveau à un autre, changement d’école… les sources de stress peuvent être nombreuses pour les jeunes en cette période de rentrée scolaire.
«Le jeune peut se mettre à avoir des pensées négatives récurrentes, se dire qu’il est certain qu’il va encore se faire intimider, qu’il ne sera pas capable de se faire de nouveaux amis, qu’il sera encore « poche » cette année parce qu’il n’a pas eu de bonnes notes l’année dernière, a illustré Myriam Day-Asselin, qui est coordonnatrice des contenus et des partenariats à Tel-jeunes/LigneParents. L’impact que ça peut avoir sur eux c’est vraiment un impact sur l’estime de soi, sur le sentiment de confiance en soi, sur leur sentiment de compétence.»
Tel-jeunes remarque au moment de la rentrée une multiplication des appels de la part de jeunes qui sont stressés ou anxieux par rapport à la rentrée scolaire, principalement les jeunes qui sont en transition du primaire vers le secondaire, ou du secondaire vers le cégep.
«Ce sont des transitions qui sont particulièrement stressantes de par la nouveauté que ça impose», a expliqué Mme Day-Asselin.
Les jeunes qui passent du primaire au secondaire quittent une école où ils étaient les plus grands et les plus vieux pour une école souvent plus grosse, où ils deviennent soudainement les plus petits et les plus jeunes. Les adolescents de 16 ou 17 ans peuvent être très impressionnants aux yeux d’un enfant de 11 ou 12 ans.
Cette période est aussi celle du passage de l’enfance à l’adolescence, rappelle Mme Day-Asselin.
«Il y a l’angoisse de se retrouver avec plein de nouvelles personnes, des gens qu’on ne connaît pas, a-t-elle dit. Ça dépend de la personnalité de l’enfant. Il y a des jeunes qui vont trouver ça stimulant, qui vont être contents, mais on pense à des jeunes qui ont plus de difficultés à l’école, qui ont plus de difficultés à s’adapter aux nouvelles situations, donc ça peut paraître très gros pour eux.»
Le passage du secondaire au cégep, quant à lui, pourra s’accompagner d’un «questionnement identitaire» qui amènera le jeune à se demander si le programme qu’il a choisi est vraiment le bon pour lui.
L’environnement du cégep en est aussi un qui impose au jeune beaucoup plus de discipline, de structure et d’indépendance: l’époque des professeurs qui le suivaient à la trace et des cloches qui annonçaient le début et la fin des cours est terminée.
La source du stress
«Des fois on se dit que l’enfant est stressé de la rentrée en général, mais des fois on peut se perdre là-dedans parce que c’est large, a prévenu Mme Day-Asselin. Il faut aller dans le détail.»
Il importe donc d’identifier quel élément est le plus stressant pour le jeune. On pourra ensuite voir avec lui quel pouvoir il a sur la situation, ce qu’il peut changer, ce qu’il peut améliorer — et ce sur quoi il a moins d’emprise.
«Et ça il faut essayer de ne pas trop l’anticiper et y aller une chose à la fois», a-t-elle dit.
Mais la rentrée scolaire n’est pas stressante que pour les enfants: elle l’est aussi pour leurs parents, qui se retrouvent aspirés par un tourbillon de fournitures scolaires à acheter, de routine à rétablir et de lunchs à faire. C’est une période d’adaptation pour toute la famille et il faut tenir compte de toute cette dynamique familiale.
«Il faut reconnaître cette période-là comme étant stressante, a estimé Mme Day-Asselin. (…) C’est important que la famille ne soit pas axée uniquement là-dessus pendant cette période-là. Il faut qu’il y ait des périodes qui ne sont pas consacrées à ce stress-là, comme ça le jeune voit que la planification est contrôlée et que la vie continue à la maison.»
Au cours de l’année 2018-2019, les intervenants de Tel-jeunes ont été en contact avec 37 500 jeunes, dont 80 pour cent de filles. Trente-huit pour cent des prises de contact concernaient la santé psychologique, 14 pour cent les relations amoureuses, 14 pour cent la sexualité et 2 pour cent l’école.
De l’autre côté, plus de 14 000 parents ont appelé la LigneParents, dont 93 pour cent avaient des enfants âgés de 0 à 17 ans. Les deux tiers des appels touchaient des questions d’amour, de sexualité, de communication, de conflits, d’anxiété, de gestion des émotions, d’estime de soi ou de troubles de santé mentale.
«Il faut remettre en perspective certaines choses et voir sur quoi (le jeune) peut agir, sur quoi il a du contrôle, et sur quels autres éléments il faut simplement prendre ça une chose à la fois et gérer le stress quand il sera présent, a conclu Mme Day-Asselin. Pour certains jeunes qui sont anxieux ou stressés, ça les stresse encore davantage qu’on vienne constamment les questionner. Comment tu te sens? Est-ce que tu es stressé pour ta rentrée? Donc parfois c’est simplement de démontrer à notre enfant qu’on a le contrôle de la situation ou de faire un plan de match avec lui ou avec elle.»