WASHINGTON — La Maison-Blanche a déclaré vendredi qu’une invasion russe de l’Ukraine pourrait avoir lieu dans la prochaine semaine, voire dans les deux prochains jours, avant même la fin des Jeux olympiques d’hiver, et a exhorté les Américains à quitter le pays maintenant.
Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré que les États-Unis ne disposaient pas d’informations définitives selon lesquelles une invasion avait été ordonnée par le président russe Vladimir Poutine. Mais il a ajouté que toutes les pièces étaient en place pour une opération militaire majeure qui pourrait commencer «rapidement».
M. Sullivan a déclaré que le risque était suffisamment élevé et la menace «suffisamment immédiate» pour que la prudence exige de partir maintenant.
«Nous ne disons pas qu’une décision a été prise par le président Poutine, a affirmé le conseiller à la sécurité nationale. Ce que nous disons, c’est que nous avons un niveau d’inquiétude suffisant sur la base de ce que nous voyons sur le terrain et de ce que nos analystes du renseignement ont capté, que nous envoyons ce message clair.»
Le secrétaire britannique à la Défense, Ben Wallace, quant à lui, s’est rendu à Moscou dans le but d’apaiser les tensions concernant une éventuelle invasion de l’Ukraine par la Russie.
La Russie a entamé de grandes manœuvres militaires dans le Bélarus voisin et insiste sur le fait que les relations très tendues ne sont pas de sa faute. La Russie dit qu’elle n’a pas l’intention d’envahir l’Ukraine, mais veut que l’Occident maintienne l’Ukraine et d’autres anciens pays soviétiques hors de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
Le voyage de M. Wallace est intervenu un jour après que la secrétaire britannique aux Affaires étrangères, Liz Truss, a tenu des négociations glaciales à Moscou pour exhorter la Russie à retirer plus de 100 000 soldats près de l’Ukraine. Son homologue russe a décrit de manière cinglante les pourparlers comme une «conversation entre sourds et muets».
S’exprimant au début de ses entretiens avec M. Wallace, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a noté que les livraisons d’armes à l’Ukraine par les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres alliés ont contribué aux tensions et a souligné le récent déploiement de soldats britanniques en Ukraine, demandant pourquoi ils ont été envoyés et combien de temps ils resteront.
S’adressant aux journalistes après les pourparlers, M. Wallace a noté que les missiles antichars que la Grande-Bretagne a envoyés en Ukraine étaient des armes tactiques défensives qui ne constituent une menace pour aucun voisin à moins qu’il n’y ait une invasion du pays.
M. Wallace a décrit les pourparlers comme «constructifs et francs» et a noté les assurances de son homologue russe que Moscou n’a pas l’intention d’attaquer l’Ukraine. Mais il a également souligné que la concentration des troupes russes près du territoire ukrainien est clairement «au-delà de l’exercice normal», expliquant qu’environ la moitié des forces terrestres russes sont concentrées autour de la frontière avec l’Ukraine.
Il a réaffirmé qu’une invasion russe aurait des «conséquences tragiques» et a souligné la nécessité de maintenir les contacts entre les forces militaires pour prévenir les incidents.
Dans une entrevue accordée jeudi à NBC News, le président américain Joe Biden a réitéré sa mise en garde selon laquelle tous les Américains encore en Ukraine devraient quitter le pays dès que possible.
«Ce n’est pas comme si nous avions affaire à une organisation terroriste. Nous avons affaire à l’une des plus grandes armées du monde. C’est une situation très différente, et les choses pourraient devenir folles rapidement», a-t-il déclaré.
M. Biden prévoyait de tenir un appel avec les dirigeants transatlantiques plus tard dans la journée.
Lorsqu’on lui a demandé s’il y avait des scénarios qui le pousseraient à envoyer des troupes américaines en Ukraine pour secourir des Américains, le président a répondu: «Il n’y en a pas. C’est une guerre mondiale quand les Américains et la Russie commencent à se tirer dessus.»
S’exprimant vendredi lors d’une visite en Australie, le secrétaire d’État américain Antony Blinken n’a pas détaillé les raisons de la dernière alerte de sécurité du département d’État exhortant tous les citoyens américains à quitter l’Ukraine.
«Nous sommes dans une fenêtre où une invasion pourrait commencer à tout moment et, pour être clair, cela inclut pendant les Jeux olympiques», a ajouté M. Blinken. Les Jeux olympiques doivent se terminer le 20 février.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a minimisé le conseil aux Américains de partir, affirmant que Washington avait déjà lancé des appels similaires. Il a noté que la situation reste instable.
Poursuivant son renforcement militaire près de l’Ukraine, la Russie a déplacé six navires d’assaut amphibies dans la mer Noire, augmentant ainsi sa capacité à débarquer des marines sur la côte.