OTTAWA — Le chef du Parti conservateur du Canada (PCC) Erin O’Toole a indiqué mardi soir que la sénatrice Denise Batters «a été expulsée du caucus national conservateur.»
La sénatrice conservatrice avait lancé une pétition pour soumettre dans les six mois Erin O’Toole à un vote de confiance des militants, car selon elle, ce chef ne pouvait pas mener le Parti conservateur à la victoire aux prochaines élections.
Dans un communiqué diffusé mardi soir, Erin O’Toole a écrit qu’il ne va «pas tolérer qu’une personne discrédite clairement et méprise les efforts déployés par tout le caucus conservateur, qui demande des comptes au gouvernement corrompu et catastrophique de Justin Trudeau.»
Le chef du PCC a ajouté: « les Canadiens ont élu les conservateurs pour qu’ils demandent des comptes à Justin Trudeau pour sa mauvaise gestion économique, et pour qu’ils se battent contre la crise du coût de la vie, la hausse en flèche de l’inflation et les problèmes de la chaîne d’approvisionnement qui nuisent aux entreprises. C’est ce que nous faisons en tant qu’équipe. »
Dans une vidéo accompagnant la pétition en ligne, la sénatrice Batters avait lancé une attaque frontale contre son ex-chef:
«Cette campagne n’a pas été perdue à cause des erreurs ou de l’inexpérience de M. O’Toole», mais plutôt «à cause de ce que les électeurs canadiens perçoivent comme son principal défaut, soit qu’il n’est pas digne de confiance. Vous ne pouvez pas vous remettre de ça.»
Denise Batters, qui représente la Saskatchewan à la chambre haute, n’a pas pu être jointe pour réagir immédiatement mardi après son retrait du caucus.
Mais elle a indiqué dans un message sur Twitter qu’elle n’avait pas l’intention de retirer sa pétition, même si le président du parti a déclaré qu’elle était invalide.
«Ce soir, Erin O’Toole a essayé de me faire taire pour avoir donné une voix à nos membres du PCC. Je ne serai pas réduite au silence par un chef si faible qu’il m’a renvoyé PAR MESSAGERIE VOCALE. Plus important encore, il ne peut pas réprimer la volonté de nos membres du Parti conservateur ! Signez la pétition», a-t-elle tweeté.
Mme Batters, qui avait appuyé Andrew Scheer lors de la course à la direction du parti en 2017 et Peter MacKay lors de la suivante, estime qu’un fossé se creuse au sein du parti.
Dans une interview lundi, elle avait reconnu la possibilité qu’elle puisse être expulsée du caucus conservateur, mais elle avait fait valoir que cela ne résoudrait rien.
« Je sais que me chasser du caucus ne résoudra pas la crise interne à laquelle son leadership est confronté au sein du caucus et des membres du parti », avait-elle déclaré à La Presse Canadienne.
La sénatrice avait ajouté lundi qu’il était impossible, au cours de la dernière campagne électorale, de distinguer Erin O’Toole de Justin Trudeau, alors qu’il avait été élu chef des conservateurs un an plus tôt en se proclamant «un vrai bleu».
Un certain nombre de députés conservateurs ont tweeté leur colère contre la sénatrice Batters lundi, suggérant que sa sortie était une distraction de leur tâche de demander des comptes au gouvernement libéral minoritaire.
Mais Denise Batters a déclaré que sa pétition avait reçu beaucoup de soutien de la part de députés conservateurs et de sénateurs.
Celle-ci avait recueilli plus de 1 000 signatures le premier jour.
Cependant, les anciens collègues du caucus de la sénatrice Batters ne peuvent rien faire pour elle.
Les députés conservateurs ont voté pour se donner le pouvoir de décider si les membres élus doivent être admis ou exclus de leur caucus. Cependant, cela ne s’applique pas aux sénateurs non élus, qui peuvent toujours être largués unilatéralement par le chef.
Néanmoins, la décision d’Erin O’Toole d’écarter Batters sera sans aucun doute un sujet brûlant lorsque le caucus conservateur se réunira mercredi.
La semaine dernière, Erin O’Toole a puni certains de ses députés qui avaient remis en question la vaccination contre la COVID-19, en les écartant de son cabinet fantôme.
Un référendum des membres du Parti conservateur peut être initié par une pétition soumise au Conseil national. Elle doit rassembler les signatures d’au moins 5 % des militants conservateurs dans cinq provinces.
Le conseil est responsable de la tenue d’un référendum dans les 120 jours suivant la réception d’une pétition valide.