La solitude hausserait le risque de cancer chez les hommes

MONTRÉAL — Les hommes d’âge moyen qui rapportent un sentiment de solitude augmentent leur risque de souffrir d’un cancer, ont récemment prévenu des chercheurs finlandais.

Cette recherche s’inscrit dans la foulée d’études précédentes qui soulignaient que la solitude, loin d’être banale, est potentiellement aussi néfaste pour la santé physique et mentale que le tabagisme ou le surpoids.

«Il y a des méta-analyses (…) qui ont démontré hors de tout doute que la solitude et l’isolement social vont accroître le risque de mortalité de 50 % chez les personnes qui ont peu d’interactions sociales ou les personnes qui ont des interactions sociales de mauvaise qualité, a commenté Julie Lévesque, qui est conseillère scientifique auprès de l’Institut national de santé publique du Québec.

«On sait très bien que la solitude et l’isolement ont vraiment des impacts néfastes sur la santé des humains en général.»

Une étude britannique publiée en 2019 avait ainsi noté des taux élevés de certains marqueurs d’inflammation chez des hommes âgés et seuls. L’inflammation ouvrirait ensuite la porte à différents types de cancers.

Lors de la plus récente enquête, les chercheurs de l’Université de l’Est de la Finlande ont étudié la santé de près de 2600 hommes d’âge moyen entre les années 1980 et le moment présent. Le quart des participants, soit 649 hommes, ont développé un cancer pendant la période de suivi, et 283 en sont morts.

La solitude augmentait d’environ 10 % le risque de souffrir d’un cancer. Cette association persistait même après la prise en compte de facteurs comme l’âge, le statut socio-économique, l’indice de masse corporelle ou les maladies cardiovasculaires.

Une association particulièrement robuste a été constatée entre la solitude et le cancer du poumon.

Qui plus est, la mortalité associée au cancer était plus élevée chez les hommes qui, dès le départ, étaient célibataires, veufs ou divorcés. Il est possible que les hommes qui vivent seuls attendent plus longtemps avant d’aller consulter un médecin, et que leur cancer soit donc diagnostiqué plus tard, ou qu’ils soient moins assidus lors de leurs traitements.

Les participants en couple et atteints d’un cancer survivaient en moyenne près de deux ans de plus après leur diagnostic que les participants célibataires.

«On sait que (les hommes) sont une population à risque, donc c’est intéressant de les avoir ciblés dans l’échantillon», a dit Mme Lévesque.

L’étude ayant été menée auprès d’hommes, on ne sait pas si la même augmentation du risque de cancer existe chez les femmes seules.

Des données canadiennes récentes révèlent que 13,9 % des hommes rapportent profiter d’un faible soutien social, contre 10,2 % pour les femmes.

L’écart entre les deux sexes est mal compris, mais «en général, les humains, que ce soit des hommes ou des femmes, ne vont pas spontanément se vanter de souffrir de solitude et ne vont pas spontanément dire haut et fort qu’ils sont isolés», a souligné Mme Lévesque.

«C’est une thématique qui est très sensible. Il y a beaucoup de stigmatisation autour du phénomène de la solitude et de l’isolement des humains, a-t-elle ajouté.

La nouvelle étude, poursuit Mme Lévesque, vient donner des arguments supplémentaires pour convaincre les instances de santé publique d’investir davantage dans la prévention et de positionner la thématique de la solitude et de l’isolement comme étant une cible d’action prioritaire.

«C’est aussi important que la lutte au tabagisme ou d’autres priorités de santé publique», a-t-elle conclu.

Les conclusions de cette étude ont été dévoilées par le journal médical Psychiatry Research.