AMQUI, Qc — Pour faire avancer son enquête sur l’attaque mortelle à la camionnette à Amqui, la Sûreté du Québec (SQ) a lancé mercredi un appel à la population pour obtenir des images du crime.
Pas moins d’une centaine d’agents, d’enquêteurs et de techniciens spécialisés travaillent à élucider cette tragédie, mais le corps policier veut élargir sa collecte de preuves.
Deux accusations de conduite dangereuse ayant causé la mort ont été déposées contre Steeve Lajoie, mais la Couronne a déjà fait savoir mardi que d’autres accusations seraient déposées.
Mercredi le périmètre de sécurité a été levé dans le secteur où la tragédie a eu lieu et où les agents s’activaient. Ainsi, le tronçon du boulevard Saint-Benoît était rouvert et la petite communauté de 6200 habitants reprenait un semblant de vie normale, même si l’inquiétude persiste, selon des témoignages recueillis.
Mais la SQ demande maintenant aux témoins de se manifester et à ceux qui auraient pris des images de les transmettre.
En entrevue avec La Presse Canadienne, le sergent Claude Doiron, de la Sûreté du Québec (SQ), a expliqué que les enquêteurs souhaitent obtenir des images captées avec des téléphones cellulaires, caméras de surveillance, caméras dans les véhicules, etc.
«On souhaiterait obtenir ces images-là si possible. Et aussi, on souhaite que toute personne détenant des informations en lien avec cet événement qui n’auraient pas encore été communiquées aux policiers entre en contact avec nous.»
La SQ a assuré que cet appel à la population faisait partie de la procédure habituelle pour ce genre d’enquête.
Dans le secteur maintenant rouvert à la circulation, les marcheurs se faisaient peu nombreux mercredi matin.
Thérèse d’Auteuil et Marc-André Dionne déambulaient sur le trottoir, là où tout s’est déroulé lundi en fin d’après-midi.
Mme d’Auteuil a avoué qu’on ne peut s’empêcher d’y penser en empruntant cette grande artère, où le débit de circulation est quand même élevé et la vitesse aussi.
Elle ressentait de «l’incompréhension» devant cette tragédie: «Je ne trouve pas mes mots ce matin.»
Elle a avoué avoir eu un petit moment d’inquiétude en regardant une voiture arriver en contresens, mardi, en prenant sa marche.
«On ne peut pas faire autrement que d’être sensible à ça: est-il normal, celui qui s’en vient?» a justifié à ses côtés M. Dionne.
«Mais on ne peut s’empêcher de vivre non plus», a-t-il aussitôt ajouté.
«On ne peut commencer à devenir névrotique et éviter tous les accidents possibles», a renchéri Mme d’Auteuil.
Juste à côté, la microbrasserie, un lieu de rencontre très fréquenté d’Amqui, venait de rouvrir après avoir fermé ses portes pendant le blocage du périmètre.
Le personnel sur place refusait toutes les demandes d’entrevue des médias.
À la clinique optométrique voisine, qui venait aussi de rouvrir, les employées étaient plus diserts. Chantal Poirier est même sortie pour prêter secours à des personnes qui avaient été happées.
«J’ai entendu le ‘boum’ et J’ai entendu plein de monde parler après», relatait une de ses collègues à la réception.
Elles pensaient que c’était un accrochage dans un stationnement, mais le spectacle était bien pire quand elles sont sorties dehors.
«On ne pensait pas voir, une, deux trois personnes là (par terre), wo, attends un peu!» a relaté Mme Poirier, en indiquant qu’elle n’avait pas vu la camionnette de l’auteur de ce crime.
«On n’a pas hésité, moi j’ai ramassé le téléphone en passant pour appeler les secours.»
Elle et sa collègue se sont postées près des personnes heurtées en attendant les secours. Sans nécessairement connaître personnellement les victimes, elle reconnaissait des visages qu’elle avait déjà vus dans cette petite localité.
Rouvrir la clinique mercredi matin remuait bien des émotions.
«Qu’en pensez-vous? Ça a été quelque chose», a-t-elle imagé.
«Mais il y en a des pires que nous, il y a des gens accidentés… nous, c’est secondaire.»