MONTRÉAL – Trois tableaux du peintre québécois Jean-Paul Riopelle, figure emblématique du mouvement du Refus global, ont été retrouvés dans une résidence privée montréalaise par la Sûreté du Québec (SQ), plusieurs années après avoir été dérobés.
La perquisition qui a permis de mettre la main sur les tableaux subtilisés en 1999 a eu lieu lundi, après que les autorités eurent obtenu de l’information de la part du public.
Les oeuvres totalisent une valeur approximative de 150 000 $, a indiqué la SQ dans un communiqué.
Les oeuvres d’art concernées — des peintures de type «gouaches sur papier» réalisées en 1955 et 1956 — correspondent à celles les plus recherchées par les fins connaisseurs de Jean-Paul Riopelle et témoignent d’un mouvement «qui est devenu un symbole de la modernité du Québec», estime le spécialiste du mouvement artistique automatiste Gilles Lapointe, qui a notamment édité les écrits de Paul-Émile Borduas.
«À ce moment-là, le seul des automatistes (québécois) qui va vraiment connaître un rayonnement international, c’est Jean-Paul Riopelle», a souligné en entrevue téléphonique M. Lapointe, qui était jusqu’à tout récemment professeur associé au département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Pendant que M. Borduas est à Paris et peine à être exposé, tout le contraire se produit pour M. Riopelle, relate-t-il, relevant qu’il réussit, dans les années 1950, à présenter des oeuvres à la galerie Pierre Matisse, à New York.
Le Service des enquêtes sur l’intégrité de l’économie de la SQ, qui mène l’enquête sur la disparition des tableaux en collaboration avec le Service de police de la Ville de Montréal, n’a procédé à aucune arrestation dans cette affaire.
En entrevue avec La Presse canadienne, le sergent Claude Denis, qui agit à titre de porte-parole de la SQ, n’a toutefois pas exclu que des individus puissent être arrêtés, répétant maintes fois que l’enquête se poursuit et que peu de détails peuvent être communiqués pour l’instant.
Le vol a été commis «dans un genre d’entrepôt» d’un aéroport contenant «des marchandises en provenance de l’extérieur du Canada», a affirmé M. Denis, sans toutefois vouloir spécifier à quel endroit précisément.
«Un caisson contenant trois tableaux de Jean-Paul Riopelle» avait été volé à cet emplacement, a-t-il simplement indiqué.
Jean-Paul Riopelle est un des signataires du manifeste du «Refus global», publié en 1948 par un collectif d’artistes québécois embrassant le mouvement automatiste, notamment Paul-Émile Borduas, Claude Gauvreau, Marcel Barbeau et Marcelle Ferron.
La reproduction d’une aquarelle de Jean-Paul Riopelle figure d’ailleurs en couverture du fameux ouvrage.
«Le Refus global (…) va devenir un symbole de la Révolution tranquille en 1960, comme un des signes annonciateurs (de cette période), et le fait que la plupart des artistes signataires étaient très jeunes à l’époque — ils étaient au début de la vingtaine — (va faire en sorte) qu’ils vont mener une longue carrière», a exposé M. Lapointe, mentionnant au passage l’exposition de Françoise Sullivan, l’une des membres du mouvement, qui a cours à la Galerie de l’UQAM.
Le sergent Denis a assuré que «les membres du Service des enquêtes sur l’intégrité de l’économie détiennent (une expertise) en matière d’enquête sur les fraudes et prennent très au sérieux ce type de crime».
«Grâce à des partenariats nationaux et transnationaux, les policiers sont en mesure de mettre fin aux activités criminelles de réseaux de fraudeurs, peu importe où les fraudes sont commises sur la planète», a-t-il ajouté.