TORONTO — La déforestation, l’air contaminé, l’eau polluée et la perte de zones humides sont une préoccupation croissante en Ontario, a conclu la vérificatrice générale dans un rapport sur l’état de l’environnement publié mardi.
Bonnie Lysyk a par ailleurs souligné que l’environnement s’était amélioré dans de nombreux domaines au cours des dernières décennies en Ontario.
Elle a toutefois constaté que le gouvernement de Doug Ford ne fournissait pas d’informations claires et transparentes sur la manière dont ses décisions politiques affectent l’environnement.
«Bien que la province ait la responsabilité première de conserver l’environnement, tous les Ontariens devraient avoir les moyens de comprendre si cela est réalisé de manière efficace, opportune, ouverte et équitable», a-t-elle déclaré.
«À moins que les résultats environnementaux des décisions et des programmes provinciaux ne soient efficacement mesurés, surveillés et rendus publics, la transparence, la responsabilité et la compréhension de leurs impacts seront limitées.»
Mme Lysyk a rédigé le rapport avec son vérificateur général adjoint, le commissaire à l’environnement, Tyler Schulz. Elle explique que son bureau a publié «L’état de l’environnement en Ontario» parce que «même si les ministères produisent divers rapports sur différents domaines, la province ne regroupe pas encore ces renseignements pour brosser un portrait global et facilement accessible de l’environnement».
Des plus et des moins
Pour leur étude, ils ont adopté une vision à long terme, remontant à des décennies, et trouvé «de nombreuses façons» dont l’environnement s’est amélioré pendant cette période.
Par exemple, la qualité de l’air en Ontario s’est «considérablement améliorée» au fil des dernières décennies, principalement en raison de l’amélioration des dispositifs antipollution des véhicules et de l’industrie, ainsi que de l’élimination progressive de l’électricité produite par les centrales au charbon en Ontario, entre 2005 et 2014.
Mais le rapport souligne aussi de nombreuses préoccupations. Ainsi, les concentrations atmosphériques d’ozone troposphérique, qui peuvent déclencher l’asthme et d’autres problèmes respiratoires, ont augmenté de 23 % entre 1990 et 2019, selon le rapport. La pollution de l’air cause encore environ 6580 décès prématurés en Ontario et plus de 4000 admissions et visites à l’hôpital par année.
Selon le rapport, le réchauffement climatique dû à l’augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre a affecté la province de plusieurs manières différentes. «La tendance à long terme montre une nette augmentation graduelle de la température de l’air de surface en Ontario», a déclaré M. Shulz.
«Le nombre annuel de catastrophes liées aux conditions météorologiques, comme les fortes pluies ou les tempêtes de verglas, a grimpé au cours des 100 dernières années, passant de presque une par an au début des années 1900 à environ trois par an en moyenne depuis l’an 2000», souligne le rapport.
De même, la couverture de glace sur les Grands Lacs est inférieure de 26 % à ce qu’elle était il y a 50 ans. «Et la saison de croissance (des végétaux) s’est allongée d’environ 13 jours entre 1950 et 2018 en Ontario», a déclaré M. Shulz.
Microplastiques et algues
On constate aussi une augmentation de la prolifération d’algues dans le lac Érié et des niveaux croissants de microplastiques dans le lac Ontario.
Les niveaux d’oxygène dissous, importants pour les organismes aquatiques comme les poissons, s’améliorent dans le lac Simcoe, mais n’atteignent pas les objectifs du ministère de l’Environnement.
Les vérificateurs soulignent aussi qu’en matière de santé biologique, 60 % des cours d’eau contrôlés en Ontario obtiennent une cote allant de «plutôt mauvaise» à «très mauvaise».
Par ailleurs, la capacité actuelle des sites d’enfouissement en Ontario se remplira dans 13 ans, indique le rapport. La croissance démographique, l’augmentation des niveaux de consommation et l’essor des articles à usage unique ont contribué à ce problème.
La province comptait 35 millions d’hectares de zones humides restantes en 2011, indique le rapport. En 2017, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts a fixé des cibles pour arrêter la perte de milieux humides d’ici 2025 et réaliser un gain net d’ici 2030.
«Toutefois, il n’a pas fait le suivi des progrès réalisés pour atteindre ces objectifs», note le rapport. Puis, en août 2021, «le ministère a informé notre Bureau que ces objectifs n’étaient plus en vigueur».
Le rapport a également révélé que le nombre d’hectares perdus chaque année à cause de la déforestation est près de quatre fois supérieur au nombre d’hectares de nouvelles forêts.
Le gouvernement n’a pas atteint l’objectif fixé en 2011 relativement à la Stratégie de la biodiversité de l’Ontario, visant à préserver au moins 17 % des systèmes terrestres et aquatiques avant 2020, souligne le rapport. «Au mois d’octobre 2022, quelque 10,8 % des terres et des eaux de l’Ontario étaient réparties dans 1413 zones protégées et de conservation», notent les vérificateurs.
Réactions politiques
Le ministre de l’Environnement, David Piccini, a défendu l’action du gouvernement. «Je suis fier du bilan de notre gouvernement en matière d’aires protégées», a-t-il déclaré mardi, affirmant qu’il avait protégé plus de 160 000 hectares de terres. Il a aussi soutenu que le gouvernement avait augmenté les milieux humides à travers la province.
«Ce qui me préoccupe, c’est de savoir comment conserver un climat concurrentiel dans lequel nous prenons des mesures significatives pour l’environnement et attirons des emplois, a déclaré le ministre Piccini, et c’est exactement ce que fait le premier ministre Ford».
Le chef du Parti vert, Mike Schreiner, a dit qu’il s’inquiétait de la perte de milieux humides et de forêts, et que le gouvernement ne protégeait pas des étendues de terres comme promis précédemment.
«Lorsque vous constatez une gravité et une fréquence croissantes des événements météorologiques extrêmes, nous devons augmenter les milieux humides et étendre les zones protégées au lieu de les perdre», a-t-il déclaré.