L’achat de carabines était une «priorité» à la GRC avant la fusillade de Moncton

MONCTON, N.-B. — Un sous-commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a soutenu mardi en cour que trois ans avant la fusillade de Moncton, la police fédérale souhaitait «en toute priorité» munir de carabines ses agents de première ligne.

Au procès de la GRC pour violations du Code du travail, le sous-commissaire Kevin Brosseau a raconté qu’il avait oeuvré à ce projet de carabines pendant environ un an, à compter de janvier 2011, et qu’à cette époque, il s’agissait d’une «priorité majeure» pour l’état-major.

La GRC est accusée d’avoir violé le Code du travail en lien avec la fusillade de Moncton, qui avait fait trois morts et deux blessés au sein de la police fédérale, le 4 juin 2014. La Couronne soutient que les policiers et les superviseurs ne disposaient pas de la formation et du matériel requis pour faire face à une telle fusillade.

Les policiers dépêchés sur les lieux n’avaient pas accès à des carabines pour répondre aux tirs de Justin Bourque, qui était, lui, lourdement armé. Des témoins de la Couronne ont soutenu au procès que ces carabines, à plus longue portée et plus précises que le pistolet de service, auraient pu changer l’issue de la fusillade.

M. Brosseau, qui témoigne pour la défense, a expliqué mardi au juge Leslie Jackson, de la Cour provinciale du Nouveau-Brunswick, que son équipe avait mené des tests sur divers types de carabines semi-automatiques. L’équipe s’est aussi demandé comment ces armes seraient distribuées au pays et comment la GRC pourrait justifier auprès de la population ce nouvel arsenal. Mais par-dessus tout, a soutenu M. Brosseau, la GRC souhaitait assurer et accroître la sécurité de ses agents et de la population.

Le choix de la carabine C8 a finalement été approuvé en septembre 2011.

Combler un vide

En contre-interrogatoire, le procureur Paul Adams a fait admettre au témoin que la carabine devait finalement venir combler un vide dans l’arsenal des policiers de première ligne à la GRC. Mais M. Brosseau a ensuite refusé d’admettre que les policiers et les superviseurs n’étaient pas outillés adéquatement pour répondre à une telle fusillade ce soir-là.

Me Adams a pourtant rappelé que le sous-commissaire Brosseau avait plaidé auprès d’un comité de la GRC que ces carabines étaient requises pour faire face justement à ce type de fusillade. Le procureur a alors affirmé que si M. Brosseau concédait qu’un équipement adéquat ou une formation additionnelle auraient pu faire une différence ce soir-là, il admettrait ce faisant la «culpabilité» de la GRC. 

M. Brosseau, qui détient une maîtrise en droit de Harvard, a par ailleurs admis en contre-interrogatoire qu’avant d’être appelé à la barre, mardi, il avait discuté avec les avocats de la GRC au sujet du procès en cours et de la preuve présentée jusqu’ici.

Le surintendant Troy Lightfoot, qui avait travaillé avec Kevin Brosseau au projet de carabines en 2011, a soutenu le mois dernier au procès que dans une note à ses supérieurs, en 2006, il avait déploré l’arsenal insuffisant des policiers de première ligne. Mais la GRC a plus tard été obnubilée par l’incident de pistolet à décharge électrique à l’aéroport de Vancouver, en 2007, et le dossier de la carabine a été ralenti par cette affaire, expliquait M. Lightfoot.