OTTAWA — L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a lancé une consultation publique sur la «taille maximale des dés ou des cubes de pommes de terre blanches coupées emballés dans un emballage hermétiquement scellé».
Toutefois, il est impossible de savoir qui réclame des changements à la politique actuelle ou encore les raisons qui en font un exercice prioritaire.
L’ACIA dit vouloir mener des consultations à la demande de «l’industrie» qui souhaiterait que la taille maximale des pommes de terre blanches coupées en cube ou en dé passe de 10 mm à 20 mm.
Les règles gouvernementales obligent l’ACIA à mener des consultations lorsqu’elle veut modifier une réglementation sur la taille des légumes. Ces consultations doivent être ouvertes, transparentes. La population doit être invitée à y participer de façon claire.
Ironiquement, l’agence ne permet pas à ses représentants d’identifier l’organisme qui a demandé ces changements ni d’en expliquer les raisons.
Plusieurs internautes ont fait des gorges chaudes avec l’annonce de l’agence. D’autres se sont dits surpris que les pommes de terre emballées pouvaient être vendues dans n’importe quel format. Mais une majorité d’intervenants soulignaient le caractère trivial de la consultation.
Selon le porte-parole conservateur en matière agricole, John Barlow, l’ACIA perd un temps précieux sur cette question. Il souhaiterait qu’elle se concentre sur de plus hautes priorités.
M. Barlow dit que l’ACIA devrait plutôt se préoccuper des cultivateurs de patates de l’Île-du-Prince-Édouard qui ne peuvent pas exporter leurs produits aux États-Unis à cause de la gale verruqueuse.
«L’ACIA est-elle mal informée de la crise qu’elle doit s’occuper?», a-t-il déclaré.
Le député dit avoir été «inondé d’appels» de gens en colère qui affirmaient que le sujet des consultations de l’ACIA était si absurde que cela ne pouvait être qu’une plaisanterie.
«Honnêtement, je me suis demandé la même chose, lance M. Barlow. Le site de l’ACIA a-t-il été piraté ? Cela ne peut pas être authentique.»
Mais pourtant, si.
L’ACIA le confirme sans en dire plus. Tout au plus, elle accepte d’indiquer que la demande vient d’une «entreprise alimentaire» qui avait reçu l’autorisation de mettre en conserve des morceaux plus gros et souhaiterait la rendre permanente.
Mike Karsen, un criminologue de l’Université polytechnique de Kwantlen, en Colombie-Britannique, dit que cette consultation est un exemple bizarre de la nécessité de mettre à jour la législation canadienne sur l’accès à l’information.
«Cette histoire est à la fois bizarre et très révélatrice de la tendance au sein des institutions gouvernementales de garder tout secret ou quasi secret», souligne cet expert sur l’accès à l’information.
«Il n’y a pas de secret d’État à protéger dans ce cas. On parle d’une consultation sur la taille des pommes de terre. C’est vraiment de la petite bière, ce sujet.»