QUÉBEC — Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a encouragé mercredi les parents du Québec à faire garder leurs enfants à la maison afin de ne pas congestionner le réseau des services de garde.
Il a proposé cette solution lors d’un débat virtuel de deux heures avec les députés d’opposition. Selon le plan du gouvernement, les garderies doivent rouvrir à 30 % de leur capacité dès lundi, sauf à Montréal.
«Je lance quand même un appel aux parents d’abord en disant: si vous pouvez garder vos enfants à la maison, ce serait une bonne idée de le faire, parce qu’évidemment, on ne pourra pas accueillir tout le monde», a commencé M. Lacombe.
«Si vous connaissez quelqu’un qui peut venir faire de la garde à domicile, on vous encourage aussi à le faire. C’est possible, c’est permis», a-t-il ajouté.
Il a plus tard encouragé les parents à appeler un «proche», un «étudiant du secondaire qui aurait du temps» ou quiconque dans leur «entourage» pour faire garder leurs enfants à la maison.
Il a précisé que dans la mesure du possible, les consignes de santé publique, telles que la distanciation de deux mètres et le lavage des mains, doivent s’appliquer, même à la maison.
Grands-parents en renfort?
Dans cet esprit, un grand-parent pourrait aussi assurer la garde des enfants, dépendamment de son âge, a dit le ministre en mêlée de presse. «On comprend qu’il y a des grands-parents qui sont très jeunes.»
À la question d’une journaliste qui voulait savoir si un grand-parent pouvait aller garder ses petits-enfants en portant un masque, le ministre a répondu: «ça dépend de l’âge».
Ces propos ont fait sursauter les députées Jennifer Maccarone (PLQ), Christine Labrie (QS) et Véronique Hivon (PQ). Pour cette dernière, il s’agit d’une idée de «dernier recours».
«On est rendu à faire des appels du pied à tout le monde qui pourrait venir garder, a-t-elle déploré. En même temps on a la santé publique qui nous dit qu’on ne peut pas recevoir des gens chez nous, surtout pas des grands-parents qu’on veut protéger depuis des semaines.»
Selon Mme Labrie, les grands-parents s’exposeraient à un «risque important». «Il faut protéger nos aînés», a renchéri Mme Maccarone.
Mme Hivon a notamment soulevé des doutes quant à l’application des mesures sanitaires dans une maison, où un grand-parent, par exemple, sera appelé à aider ses petits-enfants.
«Vous ne pouvez pas garder des enfants si vous êtes un grand-parent avec un masque, en gardant le deux mètres et en n’allant pas consoler votre petit-enfant s’il tombe ou s’il est malade», a-t-elle ironisé.
Elle a prié la santé publique de le «dire haut et fort» et d’aviser les familles du Québec si cette idée mise de l’avant mercredi par le ministre est bel et bien une «nouvelle orientation».
M. Lacombe s’est défendu devant les journalistes en affirmant que son appel n’était pas «un grand appel aux parents officiel et très énergique».
Il a dit ne pas «implorer» les parents de garder leurs enfants à la maison. «Ce que je suis en train de dire, c’est: vous voyez, actuellement, on a plus de demande que d’offre. (…) Donc, si vous pouvez garder vos enfants à la maison, je pense que c’est l’avenue à privilégier.»
Priorité aux travailleurs de la santé?
Appelé à commenter le cas d’une infirmière monoparentale de Joliette, qui n’aura pas de place en garderie lundi, le ministre a assuré que son gouvernement mettra tout en oeuvre pour prioriser les travailleurs de la santé.
Il a évoqué en commission un plan mystère qu’il ne veut pas tout de suite «publiciser». «On est en train de préparer une solution de rechange pour elles qu’on ne publicisera peut-être pas de façon importante parce qu’on veut vraiment conserver cette solution-là pour les travailleurs du réseau de la santé», a-t-il affirmé.