L’Alberta n’a pas pris le parti des Autochtones de l’Athabasca, selon un comité

EDMONTON – Des experts indépendants concluent que le gouvernement de l’Alberta a négligé les Premières Nations lorsqu’il a voulu concilier les intérêts de chacun dans l’exploitation des sables bitumineux près de la rivière Athabasca.

Dans un rapport dont La Presse Canadienne a obtenu copie, un comité conclut que le Plan régional pour le cours inférieur de la rivière Athabasca, entré en vigueur en 2012, a été en fait utilisé par l’industrie aussi bien que par le gouvernement pour rogner les terres ancestrales et les droits des Autochtones, et mettre en péril leur santé.

Le comité avait été mis sur pied par le gouvernement albertain en 2014 lorsque six Nations de la région ont soutenu que le Plan régional violait leurs droits ancestraux en matière d’utilisation du territoire. Le comité a terminé son rapport en juillet dernier mais il n’a jamais été rendu public.

Ainsi, le comité est d’avis que le Plan régional ne protège pas la culture des Chipewyan d’Athabasca, et que l’industrie pétrolière a eu préséance sur les droits constitutionnels des Cris de Mikisew. Par ailleurs, le comité estime que la Première Nation de Cold Lake avait raison d’affirmer que le Plan régional crée de nouvelles aires de conservation sans tenir compte des usages ancestraux des Autochtones. De même, le comité conclut que les Cris Onion Lake avaient raison de plaider que le Plan régional ne prévoyait aucunes mesures pour leurs usages ancestraux.

Enfin, le comité partage l’avis des Chipewyan, qui soutiennent que le Plan régional a nui aux groupes qu’il devait précisément protéger.

Le rapport rejette par ailleurs l’argument du précédent gouvernement progressiste-conservateur, qui soutenait que ces questions n’étaient pas du ressort du comité qu’il avait lui-même mis sur pied.

Dans son rapport, le comité recommande notamment qu’une étude soit menée au plus tôt sur les contaminants dans la rivière Athabasca. Il demande aussi au gouvernement de l’Alberta de ne plus évaluer au cas par cas le développement des ressources énergétiques, mais d’envisager plutôt l’ensemble du tableau, pour en mesurer tous les impacts sur les riverains.

La ministre de l’Environnement, Shannon Phillips, reconnaît que le Plan régional pour le cours inférieur de la rivière Athabasca doit être amélioré, mais elle prévient que son gouvernement ne repartira pas à zéro.