EDMONTON — L’Alberta prévoit d’exiger que tous les services de police de la province utilisent des caméras corporelles.
Le ministre de la Sécurité publique de la province, Mike Ellis, affirme que les policiers interviennent souvent dans des situations complexes et prennent des décisions en une fraction de seconde.
Selon lui, cela peut soulever des inquiétudes de la part du public quant aux actions qui ont été prises et si le niveau de force appropriée a été utilisé.
Selon le ministre Ellis, il s’agit d’une décision transformatrice qui garantirait une reddition de comptes à l’égard des interactions avec les agents dans les grandes villes et les petites communautés rurales.
«La police répond à des appels complexes qui peuvent impliquer des Albertains vulnérables (qui) vivent des crises de santé mentale, souffrent de dépendance ou ont des moments difficiles dans leur (vie) qui troublent leurs capacités de prise de décision.»
Il a souligné que l’Alberta serait la première province à imposer des caméras corporelles.
Le gouvernement travaillera avec l’Association des chefs de police de l’Alberta pour élaborer le mandat et les normes nécessaires, ainsi que pour déterminer les coûts et la logistique.
M. Ellis a déclaré que l’association devait développer un mandat au cours des prochains mois pour mettre en place «le plus rapidement possible» des caméras corporelles sur le territoire.
«La police saura qu’il faut prendre les mesures appropriées et utiliser la bonne quantité de force dans chaque incident, et les policiers qui utilisent une force excessive feront face à une discipline appropriée grâce aux images de la caméra corporelle», a fait valoir M. Ellis.
L’Association des chefs de police de l’Alberta a indiqué qu’elle soutenait cette décision et que la police de Calgary avait déjà mis en place des dispositifs.
«Jamais auparavant il n’y avait eu un examen aussi minutieux des services de police — et à juste titre. Nous disposons de pouvoirs de détention et nous sommes soumis à des normes très strictes», a déclaré le chef de la police de Camrose, Dean LaGrange, également vice-président de l’association.
«Les caméras sont une bonne source de protection non seulement pour le public, mais aussi pour les policiers qui les portent.»
Le chef de la police d’Edmonton, Dale McFee, croit que les détails du coût et de la manière dont les services de police recevront les caméras doivent être fournis rapidement. Il souligne que les caméras aideront à garantir que le public obtient toute l’information dans une histoire.
«Si vous n’avez pas cette transparence, ce qui se passe, c’est que vous obtenez des captures d’écran de vidéo, qu’elles proviennent d’un téléphone portable ou de différentes caméras, qui ne font que montrer une partie de la situation», a expliqué M. McFee. Il estime que cela «pèse sur tout le monde», car des détails importants peuvent parfois échapper aux simples captures d’écran.
Le porte-parole du NPD de l’Alberta en matière de justice, Irfan Sabir, a indiqué qu’il était en faveur d’une transparence accrue, mais qu’il n’y avait pas beaucoup de détails dans le plan.
«Il n’y a pas de calendrier, pas de financement et un manque de clarté quant à la manière dont la grande quantité de données générées par les caméras corporelles sera gérée», a soulevé M. Sabir.
Il a ajouté que le chien de garde de la police de la province, l’Équipe d’intervention de l’Alberta en cas d’incident grave, a un «arriéré massif dans les dossiers».
«Si le (gouvernement du Parti conservateur uni) était sérieux au sujet de la transparence, il se concentrerait sur l’élimination de cet arriéré afin que les forces de l’ordre soient tenues responsables et que les Albertains aient accès à la justice.»
La présidente de l’African Canadian Civic Engagement Council, Dunia Nur, a déclaré qu’elle surveillerait «la mise en œuvre des caméras corporelles de la police pour s’assurer qu’elle s’accompagne de politiques et de pratiques antiracistes et que les lacunes identifiées dans d’autres juridictions ont été comblées afin de créer une société plus juste et plus équitable».
Le ministre Ellis a précisé que le mandat ne couvrait pas la Gendarmerie royale du Canada (GRC), mais le gouvernement fédéral a indiqué qu’il s’orienterait vers davantage de caméras corporelles à l’avenir.