OTTAWA — Le ministre canadien de la Diversification du commerce international minimise l’impact du départ de l’ambassadeur chinois à Ottawa, affirmant que les divergences entre Pékin et Ottawa vont bien au-delà des individus.
Selon certaines sources, l’ambassadeur Lu Shaye, qui a tenu des propos très durs à l’égard du Canada au cours de ses deux années à Ottawa, quittera son poste dans les prochaines semaines pour de nouvelles fonctions à Paris — M. Lu parle français.
Les relations entre le Canada et son deuxième partenaire commercial en importance se sont détériorées rapidement après l’arrestation de la dirigeante de Huawei, en décembre à Vancouver, à la suite d’une demande d’extradition des États-Unis. Indignée par l’arrestation de Meng Wanzhou, la Chine a ensuite accusé deux Canadiens de menace à la sécurité nationale, condamné deux autres Canadiens à la peine de mort pour trafic de drogue, et bloqué d’importantes exportations canadiennes de canola et de porc.
L’ambassadeur Lu a utilisé des mots très forts en parlant de la relation Canada-Chine: il a par exemple dit aux journalistes canadiens l’hiver dernier que l’arrestation de Mme Meng, un «coup de poignard dans le dos d’un ami», s’apparentait à du «suprémacisme blanc». Il a également prévenu de «conséquences» si Ottawa devait interdire à Huawei de participer à la construction du réseau sans fil 5G de nouvelle génération au Canada.
Interrogé sur les critiques de M. Lu, le ministre Carr a expliqué que les personnes ne sont pas au coeur du conflit diplomatique et que le travail de l’ambassadeur consiste à relayer le point de vue de son gouvernement. Le ministre a expliqué que son gouvernement espérait toujours résoudre les litiges en discutant avec la Chine à plusieurs niveaux, pas seulement par l’intermédiaire d’un ambassadeur.
«Je pars du principe que tout ce que dit l’ambassadeur de Chine au Canada a le soutien de son gouvernement, c’est donc une question qui dépasse le niveau des ambassadeurs», a déclaré M. Carr avant de s’envoler vers le Japon pour une mission commerciale visant précisément à développer de nouveaux marchés pour les produits canadiens, y compris le canola.
L’annonce du départ de M. Lu intervient à un moment où le Canada n’a pas d’ambassadeur à Pékin. Le premier ministre Justin Trudeau a évincé de ce poste l’hiver dernier l’ex-ministre libéral John McCallum, qui avait pris certaines libertés avec la stratégie d’Ottawa pour obtenir la libération des deux Canadiens détenus en Chine, Michael Kovrig et Michael Spavor.