L’ancien président égyptien Mohammed Morsi meurt en plein tribunal

LE CAIRE — L’ancien président égyptien Mohammed Morsi, qui avait été élu lors des premières élections démocratiques en 2012 avant d’être renversé par l’armée un an plus tard, est mort lors d’une audience en cour, a annoncé la télévision nationale égyptienne, lundi.

M. Morsi, âgé de 67 ans, assistait lundi à une audience de son procès pour espionnage. Il venait de s’adresser au tribunal dans la «cage de verre» dans laquelle il était gardé pendant les séances, avertissant qu’il y avait «beaucoup de secrets» qu’il pourrait révéler, a déclaré un responsable judiciaire. Quelques minutes après, il s’est effondré, selon ce responsable, qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à parler à la presse.

La télévision publique a indiqué que M. Morsi avait rendu l’âme avant de pouvoir être transporté à l’hôpital.

Mohammed Morsi état issu du plus grand groupe islamiste égyptien, les Frères musulmans, désormais illégal en Égypte. Il avait été élu président en 2012 lors des premières élections libres organisées dans le pays après la destitution du dictateur Hosni Moubarak, l’année précédente, dans la foulée du «Printemps arabe».

L’armée l’a renversé en 2013 après de grandes manifestations et a sévèrement réprimé les Frères musulmans en arrêtant M. Morsi et de nombreux autres dirigeants du groupe.

M. Morsi était en prison et faisait l’objet de nombreux procès depuis sa destitution. L’audience de lundi concernait un chef d’accusation d’espionnage au profit du Hamas, un groupe islamiste palestinien.

Le fils de M. Morsi, Ahmed, a confirmé la mort de son père dans une publication sur Facebook.

«Une mort à petit feu»

Mohammed Sudan, un dirigeant des Frères musulmans établi à Londres, a qualifié la mort de M. Morsi de «meurtre prémédité», affirmant que l’ancien président n’avait pas le droit de recevoir des médicaments ni de visites et que ses proches n’avaient reçu que peu d’informations sur son état de santé.

«Il a été placé dans une cage de verre (pendant les audiences). Personne ne pouvait l’entendre ni savoir ce qui lui arrivait. Il n’avait reçu aucune visite depuis un mois ou presque. Il avait déjà dit qu’il ne recevait pas ses médicaments. C’est un meurtre prémédité. C’est une mort à petit feu.»

Depuis le renversement de M. Morsi, les Frères musulmans, auparavant très influents en Égypte, ont été déclarés organisation terroriste par le gouvernement. Des dizaines de milliers d’Égyptiens ont été arrêtés depuis 2013, principalement des islamistes, mais aussi des militants laïques à l’origine du soulèvement prodémocratie de 2011.

Mohammed Morsi avait été condamné à 20 ans de prison après avoir été reconnu coupable d’avoir ordonné à des membres des Frères musulmans de mettre fin à une manifestation contre lui, ce qui avait causé la mort de manifestants. Une condamnation à mort prononcée contre lui avait été annulée. Plusieurs autres procès étaient en cours. 

L’ex-président était détenu dans une aile spéciale du vaste complexe pénitentiaire de Tora, surnommé «la prison Scorpion». Les groupes de défense des droits de la personne affirment que ses conditions de détention étaient bien en deçà des normes égyptiennes et internationales.