OTTAWA — L’armée canadienne est à la recherche de son sixième commandant en second en l’espace de 38 mois, après l’annonce surprise du lieutenant-général Jean-Marc Lanthier, qui prendra sa retraite l’été prochain.
Le taux de roulement au poste important de vice-chef d’état-major de la Défense préoccupe de nombreux observateurs. Ce «commandant en second» est responsable d’une grande partie de la surveillance financière quotidienne et de la gestion au jour le jour de toutes les Forces armées canadiennes.
Dans un communiqué publié par le ministère de la Défense nationale, le lieutenant-général Lanthier, qui occupait ce poste depuis moins d’un an, a expliqué qu’il avait choisi de prendre sa retraite pour passer plus de temps avec sa famille, après plus de 30 ans passés dans l’armée.
M. Lanthier, qui était auparavant commandant de l’armée de terre, avait été nommé commandant en second de tout l’état-major en juillet dernier. D’aucuns croyaient alors que sa nomination apporterait une stabilité indispensable à ce poste névralgique, après des années d’un jeu de chaises musicales amorcé par la suspension du vice-amiral Mark Norman en janvier 2017 — il y a un peu plus de trois ans.
M. Norman, qui était aussi commandant de la Marine, aura occupé le poste de vice-chef d’état-major pendant cinq mois seulement avant d’être suspendu. Il a finalement été révoqué en raison d’une enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui a mené à une accusation d’abus de confiance. La poursuite soutenait que le vice-amiral avait divulgué au chantier naval Davie des secrets du cabinet — une accusation qui a finalement été abandonnée par la Couronne.
Pendant que M. Norman faisait l’objet de l’enquête de la GRC, deux autres officiers — le vice-amiral Ron Lloyd et le lieutenant-général Alain Parent — ont occupé le poste de façon intérimaire, avant que le lieutenant-général Paul Wynnyk ne soit finalement nommé à plein temps en juillet 2018. Mais M. Wynnyk a annoncé sa retraite l’été dernier, lorsque le chef d’état-major, le général Jonathan Vance, a voulu redonner son poste à M. Norman; or, le vice-amiral a finalement conclu un règlement à l’amiable avec le gouvernement et il a pris sa retraite.
Depuis le début de l’enquête Norman, l’opposition conservatrice blâmait déjà le gouvernement libéral pour ce chamboulement perpétuel au sein de l’état-major; d’autres observateurs ont remis en question le leadership du général Vance.