HALIFAX — Plus de 100 ans après la mort d’un jeune soldat de Terre-Neuve sur un champ de bataille en Belgique, l’armée canadienne a officiellement confirmé son identité, grâce à l’analyse génétique de restes découverts en 2016.
Quand il s’est enrôlé dans le Newfoundland Regiment du Dominion de Sa Majesté, le 14 août 1916, John Lambert, de Saint-Jean, a menti sur son âge, en disant aux recruteurs qu’il avait 18 ans. À 16 ans seulement, donc, il s’est embarqué pour son entraînement en Écosse, avant de rejoindre le 2e bataillon de son régiment en Belgique. Il est mort le 16 août 1917 lors de la bataille de Langemarck, au nord d’Ypres, mais ses restes n’avaient jamais été retrouvés.
Shirlene Murphy, de Saint-Jean, a déclaré en entrevue mardi que la famille avait toujours gardé vivante, au fil des ans, la mémoire d’«oncle Jack» — le soldat disparu était le frère de sa grand-mère.
Les restes du soldat Lambert, ainsi que ceux de trois soldats britanniques non identifiés, ont été découverts en avril 2016 lors d’une fouille archéologique près de Langemark. Les archéologues savaient que l’un des soldats était un Terre-Neuvien parce que son uniforme portait un insigne d’épaule du Newfoundland Regiment.
Grâce à une parente de 90 ans
À l’aide d’échantillons d’ADN d’os prélevés lors des fouilles, Sarah Lockyer, anthropologue médico-légale au ministère de la Défense nationale, a pu déterminer son âge et sa taille, des informations qui ont ensuite été croisées avec des données historiques glanées auprès du Royal Newfoundland Regiment et des archives provinciales.
Après d’intenses recherches, la mère de Mme Murphy, Patricia Eagan, âgée de 90 ans, a soumis l’échantillon d’ADN qui s’est avéré correspondre au profil du soldat Lambert. Toute l’opération a pris plus de trois ans, a précisé Mme Lockyer.
Les Forces armées canadiennes ont confirmé mardi que le soldat Lambert sera inhumé «aussitôt que possible» lors d’une cérémonie organisée de concert avec le ministère de la Défense du Royaume-Uni. Le soldat canadien sera conduit à son dernier repos au cimetière de guerre New Irish Farm, en Flandre-Occidentale.
Le Programme d’identification des pertes militaires des Forces armées canadiennes tente actuellement de déterminer l’identité de 45 restes humains de la Première Guerre mondiale. Mme Lockyer précise que la «Commonwealth War Graves Commission» reçoit habituellement les restes d’une quarantaine de soldats chaque année, la plupart découverts par des ouvriers de la construction qui creusent dans le nord de la France.
Environ 20 000 Canadiens ont été portés disparus après la Première Guerre mondiale, et 7000 à 8000 autres après la Seconde Guerre mondiale.