L’arrivée d’une sage-femme à Gaspé ouvre la porte à d’autres régions

MONTRÉAL — L’annonce par le ministre de la Santé de l’implantation d’un service de sage-femme à Gaspé est accueillie favorablement. Du travail reste toutefois à faire avant de pouvoir retrouver le même service dans d’autres régions du Québec.

Mercredi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a annoncé que la Côte-de-Gaspé bénéficierait sous peu des services d’une sage-femme à temps plein. 

Celle-ci «participera aux diverses activités de la maison de périnatalité ainsi qu’à l’implantation des services de sage-femme au sein de la communauté de Gaspé, notamment en amorçant des suivis de grossesse complets», peut-on lire dans le communiqué. Le tout fait suite à un appel d’offres ministériel visant à développer une maison de périnatalité où on retrouverait des «services intégrés et interdisciplinaires».

«C’est un projet qu’on appuie depuis ses tous débuts, souligne Josyane Giroux, présidente du Regroupement des sages-femmes du Québec (RSFQ). Il est très intéressant parce qu’il avait été demandé à la fois par la population et par les professionnels de la santé du territoire, dont les médecins de famille. Ceux-ci ont obtenu du financement de la part du ministère de la Santé pour un projet en périnatalité sociale et ils ont rapidement vu le besoin d’intégrer une sage-femme dans leur offre de services.»

La réticence de certains professionnels de la santé à faire équipe avec une sage-femme est ce qui explique la timidité du service à l’heure actuelle, indique la présidente.

«C’est difficile de pratiquer dans un milieu réfractaire à la profession, souligne-t-elle. C’est un des grands obstacles auxquels on a fait face historiquement, notamment en Gaspésie.»

L’implantation du service à Gaspé annoncée cette semaine a connu davantage d’embûches que dans le secteur de la Baie-des-Chaleurs, où la demande avait fait en sorte qu’on y a retrouvé plus rapidement des sages-femmes.

Besoins dans les régions

Malgré l’avancée pour la profession en Gaspésie, plusieurs autres régions, la plupart plus populeuses, ne sont pas encore suffisamment desservies, si bien qu’environ 20 % des contrats disponibles ne sont actuellement pas comblés à travers la province.

«Les besoins et la demande fluctuent beaucoup, mais il y a une pénurie de sages-femmes, indique Mme Giroux. On voit que plusieurs régions n’ont pas le service; dans certains cas, on est encore à la rédaction de projets.

«On a des besoins à Laval, sur la Côte-Nord; en Abitibi-Témiscamingue, on est en attente du financement pour un projet», énumère la présidente.

La situation serait peut-être différente si les sages-femmes bénéficiaient d’un soutien de planification de la main-d’oeuvre de la part du gouvernement, ajoute Josyane Giroux.

Celle-ci espère toutefois que le projet de Gaspé, qui est «assez unique en son genre en raison de son interdisciplinarité», suscitera l’envie chez ses consoeurs d’aller travailler en région.

«C’est le type de projet qui est très attractif pour les sages-femmes en ce moment, indique-t-elle. Avec le bel accueil, qui est positif, et la demande qui vient de part et d’autre, aussi bien de la population que des équipes médicales en place, c’est le genre de milieu où on souhaite travailler.»

Ces professionnelles ont mené un long combat afin d’être reconnues. En 2015, le gouvernement d’alors s’était engagé à ce que les sages-femmes puissent suivre 10 % des grossesses à compter de 2019.

En 2022, le RSFQ comptait environ 180 sages-femmes actives. Elles avaient suivi 4,5 % des grossesses selon Mme Giroux.

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

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