Le Canada expulse quatre diplomates russes après l’attaque contre un ex-espion

OTTAWA — Par solidarité avec le Royaume-Uni, et à l’instar d’autres capitales occidentales, Ottawa a annoncé lundi l’expulsion de quatre diplomates russes.

De plus, trois demandes supplémentaires de personnel diplomatique présentées par Moscou au Canada seront rejetées, a ajouté la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, dans un communiqué. La Chambre des communes avait déjà adopté une résolution attribuant à Moscou l’attentat à l’agent neurotoxique perpétré contre l’ancien espion Sergueï Skripal à Salisbury, en Angleterre.

«Nous expulsons quatre membres du personnel diplomatique de la Russie travaillant à l’ambassade à Ottawa ou au consulat général à Montréal, a précisé la ministre Freeland. Il a été établi que ces quatre personnes sont des agents du renseignement ou des personnes qui ont utilisé leur statut diplomatique pour compromettre la sécurité du Canada ou s’immiscer dans sa démocratie.»

Mme Freeland a expliqué que le «Canada prend ces mesures par solidarité avec le Royaume-Uni», dans la foulée de l’attentat contre M. Skripal, «sur le sol d’un proche partenaire et allié du Canada».

Le dossier a fait l’objet d’un entretien téléphonique, lundi soir, entre le premier ministre Justin Trudeau et le président Donald Trump, qui a annoncé récemment que les États-Unis expulseraient 60 responsables russes.

«Les dirigeants ont discuté des mesures prises par le Canada et les États-Unis pour soutenir notre allié commun contre la Russie», a indiqué par communiqué le bureau du premier ministre.

Londres accuse le Kremlin d’avoir utilisé un gaz neurotoxique soviétique, le Novichok, pour empoisonner M. Skripal, ce que le gouvernement russe réfute formellement.

«L’attentat à l’agent neurotoxique perpétré est un acte méprisable, odieux et irresponsable qui aurait pu mettre en danger la vie de centaines de personnes», écrit la ministre Freeland. «Ces mesures ne visent pas le peuple russe, avec lequel les Canadiens entretiennent depuis longtemps des relations fructueuses. Le Canada demeure déterminé à dialoguer et à coopérer avec la Russie en ce qui a trait aux enjeux communs à nos deux pays.»

De nombreux comportements inacceptables

La ministre a expliqué que l’attaque contre M. Skripal fait «partie des nombreux comportements inacceptables de la part de la Russie, parmi lesquels sa complicité avec le régime Assad, son annexion de la Crimée, les combats dirigés par la Russie dans l’est de l’Ukraine, le soutien aux troubles civils en Ukraine, en Géorgie, en Moldavie et dans d’autres pays voisins, son ingérence dans les élections et ses campagnes de désinformation».

«L’attentat à l’agent neurotoxique perpétré récemment représente une menace évidente pour l’ordre international fondé sur des règles et pour les règles établies par la communauté internationale afin d’assurer que les armes chimiques ne détruisent plus jamais de vies humaines», a dit Mme Freeland. 

Le gouvernement canadien imite ainsi le geste des États-Unis et de l’Union européenne, qui ont annoncé lundi l’expulsion de dizaines de diplomates russes de leur territoire. La première ministre britannique, Theresa May, a expulsé la semaine dernière 23 diplomates russes; Moscou a aussitôt répliqué en expulsant le même nombre de diplomates britanniques.

La Russie a promis la réciprocité pour toute nouvelle expulsion décrétée par d’autres capitales.