Le Canada serait l’hôte du Groupe de Lima, pour dénouer la crise au Venezuela

OTTAWA — Le Canada prévoit organiser une réunion des pays des Amériques qui seraient déterminés à ramener le Venezuela sur la voie de la démocratie.

Des sources ont indiqué à La Presse canadienne que la réunion du «Groupe de Lima» devrait avoir lieu au Canada avant la fin de l’hiver.

Le Groupe de Lima, qui comprend le Canada et 10 pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, avait été créé en 2017 afin de permettre précisément une sortie de crise pacifique au Venezuela.

Cette annonce survient un jour après que le Groupe de Lima eut exprimé son soutien entier au chef de l’opposition vénézuélienne, Juan Guaido.

M. Guaido s’est déclaré président par intérim deux semaines à peine après l’assermentation de Nicolas Maduro pour un second mandat très contesté au Venezuela et dans les capitales.

Le Canada, notamment, a accusé M. Maduro de s’être emparé du pouvoir lors d’élections frauduleuses et antidémocratiques en mai dernier.

Le Canada a fermé jeudi son ambassade à Caracas pour la journée et déterminera s’il convient de maintenir les activités au jour le jour en fonction de l’ampleur des bouleversements.

Les réunions du Groupe de Lima ont rassemblé par le passé des représentants d’Argentine, du Brésil, du Canada, du Chili, de la Colombie, du Costa Rica, du Guatemala, de Guyane, du Honduras, de Jamaïque, du Mexique, du Panama, du Paraguay, du Pérou et de Sainte-Lucie.

Tout comme Ottawa, Washington soutient M. Guaido et demande à Nicolas Maduro de se retirer.

Affaires mondiales recommande aux Canadiens d’éviter les voyages non essentiels au Venezuela en raison du nombre élevé de crimes violents, de la situation politique et économique instable et de la pénurie de médicaments, de nourriture et d’eau dans le pays.

Le Canada, qui a imposé trois séries de sanctions contre le gouvernement Maduro, souligne qu’il est important de jouer un rôle de premier plan dans le Groupe de Lima.

Le Canada a «peut-être moins de bagages que ce que les États-Unis amènent» relativement à la politique en Amérique latine, a indiqué un haut responsable qui a requis l’anonymat en raison de la gravité de la situation au Venezuela.

«Il est particulièrement important que cela ne soit pas considéré uniquement comme un problème spécifique au Venezuela», a déclaré une autre source. «Il s’agit d’un problème mondial en termes de droits et de libertés démocratiques. C’est un problème humanitaire, un problème financier.»

Ottawa a anticipé l’émergence de M. Guaido en vertu de «contacts assez étroits» avec lui ces derniers mois, a indiqué un responsable.

Des milliers de personnes arrivent chaque jour en Colombie en provenance du Venezuela, dont beaucoup de femmes et de filles ayant particulièrement besoin de protection contre des menaces physiques et des agressions, a souligné un rapport dévoilé jeudi par le Conseil mondial pour les réfugiés (CMR), un organe composé de près de deux douzaines de dirigeants politiques, de conseillers politiques et d’experts universitaires.

Fen Osler Hampson, directeur général du conseil, a déclaré que les efforts du Canada sur le front politique au Venezuela étaient «extrêmement importants». Mais il a exhorté Ottawa à faire pression pour qu’une partie des avoirs étrangers gelés de Nicolas Maduro et de ses associés serve à aider les réfugiés.

Les conservateurs à Ottawa ont publié cette semaine une déclaration dans laquelle ils ont condamné le «régime illégitime» de Nicolas Maduro au Venezuela.

Les néo-démocrates semblaient adopter un ton moins tranché.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a qualifié les événements au Venezuela de crise humanitaire et a condamné l’action militaire contre les manifestants. Mais il a ajouté jeudi que le Canada ne devrait pas «simplement se coller à la politique étrangère des États-Unis, en particulier compte tenu de son histoire d’ingérence intéressée dans la région».

La question de savoir qui dirige le Venezuela devrait être entre les mains du peuple, a dit M. Singh. «Tous les pays devraient être libres de prendre leurs propres décisions démocratiques par l’entremise d’élections libres et équitables, indépendantes de toute pression autoritaire ou d’ingérence étrangère», a-t-il fait valoir.

La députée fédérale néo-démocrate Niki Ashton a été plus directe, affirmant que le premier ministre Justin Trudeau avait adopté la position «de changement de régime» du président américain Donald Trump et du «président fasciste du Brésil».