OTTAWA — Le directeur parlementaire du budget affirme que le déficit fédéral pour l’année pourrait atteindre 252,1 milliards $, et même davantage si les mesures mises en place pour contrer la pandémie de COVID-19 devaient rester en vigueur plus longtemps que prévu.
Ce chiffre est une estimation qui tient compte des mesures de près de 146 milliards $ annoncées par le gouvernement pour aider à amortir le choc économique de l’épidémie, ainsi que des prévisions de baisse du produit intérieur brut et du prix du pétrole, qui demeure bien en deçà des attentes précédentes.
Le rapport du directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, suppose que le PIB réel se contractera de 12 % cette année et contribuera à faire passer le ratio de la dette fédérale au PIB à 48,4 %.
«Jusqu’à maintenant, le gouvernement n’a pas l’intention de rendre permanentes les mesures budgétaires annoncées. Après l’expiration des mesures budgétaires et la reprise de l’économie, le ratio de la dette fédérale au PIB devrait se stabiliser», a affirmé M. Giroux dans un communiqué.
«Toutefois, si certaines des mesures sont prolongées ou deviennent permanentes, le ratio de la dette fédérale pourrait continuer d’augmenter.»
M. Giroux note que des dépenses supplémentaires pourraient être nécessaires si la situation persiste plus longtemps que prévu, ou si l’économie tarde à se rétablir lorsque les restrictions seront levées.
Son rapport indique que les estimations sont un scénario possible si les mesures de santé publique actuelles demeurent en place ou sont levées lentement, mais pas entièrement, pendant le reste de l’année civile.
Les libéraux ont indiqué qu’ils dépenseraient ce qui était nécessaire pour faire le pont entre les entreprises et les travailleurs pendant la crise. Le premier ministre Justin Trudeau n’a pas voulu spéculer jeudi sur la façon dont le gouvernement gérerait le déficit massif une fois que l’économie retrouvera le chemin de la croissance.
«Il y aura du temps, une fois que tout cela sera terminé, pour trouver comment cela se déroulera exactement, pour que nous prenions les prochaines décisions au sujet de l’allure qu’aura cette reprise», a-t-il affirmé lors de sa conférence de presse quotidienne à Ottawa, «mais pour l’instant notre objectif est de traverser cela ensemble, en tant que pays».
Les restrictions qui ont été mises en place en mars à travers le pays ont forcé les entreprises non essentielles à fermer leurs portes, et plusieurs employés qui le pouvaient ont ainsi commencé à travailler depuis leur domicile. D’autres ont été mis à pied ou ont vu leurs heures réduites.
Jusqu’à présent, plus de sept millions de Canadiens ont reçu une aide fédérale grâce à la Prestation canadienne d’urgence (PCU), et plus de 25,6 milliards $ ont été versés par l’entremise de ce programme, selon les derniers chiffres fédéraux.
Les libéraux ont prévu un budget de 35 milliards $ pour la PCU, qui verse 2000 $ par mois pendant un maximum de 16 semaines à toute personne dont le revenu est tombé en dessous de la barre des 1000 $ par mois à cause de la pandémie. Le rapport de M. Giroux estime que les mesures finiront par coûter au gouvernement 35,5 milliards $.
Une note plus détaillée expliquant le chiffre, publiée séparément jeudi matin, estime que la PCU sera versée à 8,5 millions de bénéficiaires uniques.
Mais la note prévient que cette estimation est «très sensible» aux perspectives économique présumées pour les prochains mois, ainsi qu’à la propagation de COVID-19. Une partie des dépenses dépendra également de l’interaction du programme avec un nouveau programme de subventions salariales qui commencera à effectuer ses paiements la semaine prochaine.
M. Giroux estime en outre que le programme de subventions salariales coûtera 76 milliards $ au gouvernement, soit légèrement plus que le coût de 73 milliards $ avancé par les libéraux.
La subvention couvrira 75 % des salaires des employés, pour un maximum de 847 $ par semaine pendant 12 semaines, rétroactivement à la mi-mars et en vigueur jusqu’au début de juin.
Dans une note sur les coûts portant spécifiquement sur la subvention, le DPB a indiqué que le coût du programme dépendrait modérément du «comportement des employeurs, qu’il n’est pas encore possible de déterminer».