Le député fédéral Han Dong poursuit Global News pour diffamation

OTTAWA — Le député torontois Han Dong poursuit Global News et sa société mère, Corus Entertainment, pour des articles qui, selon lui, l’ont dépeint comme un «traître» et un participant au courant de l’ingérence chinoise au Canada.

La demande introductive, fournie par ses avocats et déposée jeudi auprès de la Cour supérieure de l’Ontario à Toronto, accuse Global News d’avoir publié des articles «faux, malveillants, irresponsables et diffamatoires» qui ont «détruit […] la réputation et la carrière durement gagnées de M. Dong».

En mars, Global News a rapporté en citant des sources de sécurité non identifiées que M. Dong aurait dit à un diplomate chinois en février 2021 que la libération de Michael Kovrig et Michael Spavor serait bénéfique pour les conservateurs.

Les deux Canadiens étaient alors détenus en Chine depuis décembre 2018, un peu plus d’une semaine après que la Gendarmerie royale du Canada a arrêté la dirigeante de Huawei, Meng Wanzhou, à Vancouver, en vertu d’un mandat d’extradition américain.

Global avait déjà publié des allégations selon lesquelles M. Dong a bénéficié de l’ingérence étrangère chinoise dans sa tentative réussie de devenir le candidat libéral de sa circonscription en 2019, ce qui est également inclus dans la poursuite.

La Presse Canadienne n’a pas vérifié ces allégations de façon indépendante.

Peu après la publication des allégations concernant sa conversation concernant MM. Kovrig et Spavor, M. Dong a démissionné du caucus libéral pour siéger en tant que député indépendant de Don Valley North.

Il a déclaré à la Chambre des communes qu’il se défendrait contre des «allégations absolument fausses». Le lendemain, il a voté avec les partis d’opposition en faveur d’une enquête publique sur l’ingérence étrangère dans les élections canadiennes.

Rishma Govani, porte-parole de Global News et de Corus Entertainment, a indiqué dans un courriel jeudi soir qu’elle n’était pas en mesure de fournir d’autres commentaires, mais qu’elle renvoyait à une déclaration antérieure.

«Global News est régi par un ensemble rigoureux de principes et de pratiques journalistiques. Nous sommes très conscients de l’intérêt public et de la responsabilité juridique de cet important rapport de responsabilité», a-t-elle écrit.

M. Dong, dont la plainte n’a pas été examinée par un tribunal, demande également à Global News de retirer les articles et les reportages.

La demande, qui cite plusieurs journalistes et rédacteurs en chef de Global News comme défendeurs, allègue que le média a agi de manière «irresponsable» dans la façon dont il a rapporté et rédigé les articles.

«Ces allégations ont été formulées par des sources anonymes dont la crédibilité et la fiabilité ont été présumées, au lieu d’être vigoureusement testées», peut-on lire dans le document.

Il est également indiqué que M. Dong a remporté une «course acharnée» pour l’investiture libérale de 2019 et qu’il a respecté toutes les règles électorales.

La déclaration avance que Global n’a pas examiné la transcription ou l’enregistrement de la conversation de février 2021 entre M. Dong et Han Tao, le consul général de Chine à Toronto, qui est au cœur des allégations.

Il est précisé que, bien que M. Dong n’ait pas de notes de cet appel téléphonique, au cours duquel lui et M. Tao parlaient tous deux le mandarin, «il est certain qu’il n’a pas plaidé (et ne plaiderait jamais) en faveur du maintien de la détention détention arbitraire» des deux Canadiens.

«Les défendeurs savaient ou auraient dû savoir que l’appel avait eu lieu dans un contexte culturel spécifique et en mandarin, peut-on lire dans la poursuite. «Il y avait un risque évident que les “sources” du renseignement canadien aient des problèmes d’interprétation dans ce contexte.»

Le consulat de Chine à Toronto a qualifié les allégations rapportées par Global concernant l’appel de février 2021 de «totalement infondées».

La demande de M. Dong indique qu’il y a eu trois autres conversations avec des diplomates chinois entre 2020 et 2021, au cours desquelles M. Dong a insisté pour qu’ils soient libérés.

Elle précise également que les conversations de M. Dong avec le consul général de Chine et d’autres diplomates avaient lieu dans le contexte de l’aide apportée à ses électeurs, dont beaucoup sont des Canadiens d’origine chinoise, ou dans le cadre de son rôle de coprésident, avec le sénateur québécois Paul Massicotte, de l’Association législative Canada-Chine.

Il a également déclaré qu’il demandait parfois des conseils à Affaires mondiales Canada avant ces conversations et qu’il partageait «de temps en temps» les notes de ses appels avec le ministère.

Le cabinet du premier ministre a précédemment déclaré qu’il n’était pas au courant de la conversation de février 2021 entre MM. Dong et Tao, jusqu’à ce que le député l’en informe après avoir reçu des questions de la part des médias.

Le Globe and Mail a rapporté en mars, en citant une source anonyme, que le cabinet du premier ministre avait examiné une transcription de la conversation fournie par le Service canadien du renseignement de sécurité et avait conclu qu’il n’y avait «aucune preuve exploitable».

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