Le gouvernement du N.-B. revoit sa politique d’inclusion LGBTQ+ dans les écoles

FREDERICTON — Le gouvernement du Nouveau-Brunswick est sévèrement critiqué pour sa décision de réviser la politique d’inclusion dans les écoles en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre, en vigueur depuis deux ans. 

Le Parti vert du Nouveau-Brunswick s’inquiète de cette révision. Et des partisans de cette politique d’inclusion soutiennent que le gouvernement progressiste-conservateur a cédé face à un groupe d’opposants de la droite complotiste.

Le chef des verts, David Coon, a publié mardi une déclaration dans laquelle il se dit «très inquiet» d’apprendre que le ministre de l’Éducation, Bill Hogan, envisageait de modifier la «politique 713».

Cette politique, mise en place en 2020, garantit un environnement scolaire sécuritaire et positif aux élèves, quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. 

«Nous parlons ici de certains des jeunes les plus vulnérables de notre province, a écrit mardi M. Coon sur son comte Twitter. Leurs écoles doivent continuer à être des espaces sûrs et positifs.»

Le ministre Hogan a affirmé que le gouvernement avait décidé de procéder à l’examen de la politique il y a quelques mois, après avoir pris connaissance des préoccupations exprimées par divers groupes, dont les enseignants.

«Les enseignants ne savaient pas très bien ce qu’il fallait enseigner et comment le faire, et comment cela s’appliquait dans leur école, a dit M. Hogan aux médias mardi. Je pense que ce qu’il faut vraiment faire, c’est renforcer la formation continue de nos enseignants pour qu’ils comprennent bien comment fonctionne le programme et comment s’applique la politique.»

Le ministre avait tenu vendredi dernier à publier une déclaration pour préciser que son gouvernement n’avait rien à voir avec les ateliers de perfectionnement professionnel pour les enseignants axés sur la façon de mettre en œuvre en classe la «politique 713». Ces séances de formation étaient organisées par les associations d’enseignants francophones et anglophones de la province.

M. Hogan avait déclaré qu’il avait reçu «un certain nombre d’appels» concernant ces séances de perfectionnement professionnel.

Le ministre avait tenu à préciser que ces ateliers de la Journée de formation destinée au personnel enseignant étaient organisés par l’Association des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick et par la New Brunswick Teachers’ Association, et il avait relayé toute question à ces deux associations.

Or, Connie Keating, présidente de l’association anglophone, soutient que «malheureusement, la désinformation et la haine qui ont circulé sur les réseaux sociaux ont conduit des manifestants à apparaître sur l’un de nos sites avec des pancartes telles que ‘Honte aux enseignants’ et ‘Des pervers dans les écoles’.»

Elle soutient qu’elle a passé l’après-midi de vendredi à entendre les manifestants lancer des commentaires haineux contre le gouvernement, les enseignants et les membres de la communauté LGBTQ.

Mme Keating a publié samedi une déclaration qui dénonçait le ministre Hogan. «Ce serait un euphémisme de parler de consternation et de déception à l’égard de la direction de notre gouvernement, a écrit Mme Keating. Les enseignants avaient besoin que (le ministre Hogan) intervienne et qu’il les appuie (…) face à la haine et la désinformation. Au lieu de cela, nous y faisons face tout seuls.»

Mme Keating a précisé que l’atelier sur la «politique 713» était l’un des 200 offerts vendredi dernier. «Nous sommes conscients que ce genre de haine envers les enseignants et l’école publique se perpétue en ligne à travers l’Amérique du Nord depuis un certain temps», a-t-elle écrit.

Le chef des verts dénonce lui aussil’approche du ministre dans ce dossier. «Je suis également extrêmement déçu qu’au lieu de se tenir aux côtés de ses enseignants, le ministre Hogan ait choisi de publier une déclaration vendredi en fin d’après-midi pour se distancier des ateliers qui s’étaient tenus plus tôt dans la journée», a soutenu M. Coon mardi.

M. Hogan a déclaré que la manifestation devant une école n’avait rien à voir avec la révision de la politique, qui devrait s’achever dans quelques mois.

«Je soutiens le droit de chacun à vivre sa vie comme il l’entend, a soutenu le ministre mardi. Les courriels que j’ai reçus ce week-end provenaient des deux extrêmes. Il ne s’agit pas d’une attaque d’un groupe par un autre groupe.»

La cheffe libérale, Susan Holt, a accusé le gouvernement progressiste-conservateur d’abandonner les élèves et les enseignants.

«En lançant cet examen, le gouvernement a exposé les élèves et les enseignants 2SLGBTQIA+ à un risque de harcèlement ciblé, de violence, et les a laissés se demander s’ils auront une place sûre dans notre système éducatif», écrivait-elle lundi dans un communiqué.

De son côté, le chef Allan Polchies Jr., de la Première Nation de Sitansisk, a publié une déclaration disant qu’il «ne restera pas les bras croisés et ne regardera pas le gouvernement Higgs affaiblir ces protections».

M. Polchies, qui est devenu en 2018 le premier chef ouvertement LGBTQ élu au Canada atlantique, s’est dit choqué lorsqu’il a appris la récente manifestation d’opposants, vendredi dernier. Selon lui, la réponse du gouvernement à ces attaques était «l’équivalent de craquer une allumette lors d’un déversement de carburant». 

«Au lieu de protéger les membres précieux mais vulnérables de nos familles, ce gouvernement a capitulé devant un petit groupe de complotistes.»

Laisser un commentaire

Les commentaires sont modérés par l’équipe de L’actualité et approuvés seulement s’ils respectent les règles de la nétiquette en vigueur. Veuillez nous allouer du temps pour vérifier la validité de votre commentaire.