Le jour de la présentation de son Plan vert, Legault vante GNL-Québec

QUÉBEC — Le gouvernement caquiste a vanté un des projets industriels les plus polluants du Québec, GNL-Québec, le jour de la présentation de son Plan vert, un plan censé réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Il vient ainsi «démolir ce qu’il prétendait démontrer», a répliqué l’opposition.

Le premier ministre François Legault a fait valoir lundi que même si ce projet provoquait une hausse des GES ici, il entraînerait une diminution des GES ailleurs, dans un des marchés visés par le promoteur, soit l’Europe. Cet argument du promoteur est toutefois contesté par des scientifiques et remis en question par des données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). 

GNL-Québec consiste en la construction d’un gazoduc de 750 km transportant du gaz naturel de l’Ouest, à partir de l’Ontario, jusqu’à une usine de liquéfaction à Saguenay, pour acheminer ensuite le gaz naturel liquéfié (GNL) à l’étranger par bateau.

Pas «idéal»

Ce projet n’est pas «idéal», mais il permet de remplacer du charbon, a plaidé M. Legault.

«Si on a une petite augmentation des GES dans l’Ouest, mais une grosse diminution des GES en Europe, je pense qu’on ne peut pas ignorer cette approche-là», a-t-il déclaré, au cours d’une conférence de presse à Montréal où il dévoilait le Plan vert. 

«Ce n’est pas vrai du tout» qu’il aura une demande de gaz naturel en Europe, si on observe les analyses et les projections, a déclaré le professeur Jérôme Dupras, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique à l’Université du Québec en Outaouais (UQO).

«C’est un scénario idéalisé, a-t-il dit en entrevue téléphonique lundi. On ne croit pas qu’il y aura la demande prévue par le promoteur, car le marché est inondé de gaz naturel.»

Sur le cycle complet du projet, de l’extraction du gaz à sa liquéfaction au Saguenay, le projet émettra près de 7,8 millions de tonnes de CO2 par an, donc il annulerait en un an tous les efforts de réduction des gaz à effet de serre (GES) du Québec depuis 1990.

En outre, le gaz naturel exporté en Europe, subventionné par le fédéral ainsi que grâce aux tarifs préférentiels d’Hydro-Québec offerts à l’usine GNL-Québec, irait faire concurrence à des énergies propres en Europe et retarderait ainsi la transition vers une économie carboneutre, a déploré 

L’Agence internationale de l’énergie prévoit dans son scénario une réduction de la consommation de gaz naturel en Europe entre 2019 et 2030.

«J’ai sauté au plafond»

«J’ai sauté au plafond quand j’ai entendu le premier ministre, visiblement il n’était pas bien préparé», a affirmé le porte-parole péquiste en environnement, Sylvain Gaudreault, opposé à GNL-Québec.  

«Il s’est mis dans une position de défense du projet le plus polluant de l’Histoire du Québec, sans connaître les tenants et aboutissants. Il vient démolir ce qu’il prétendait démontrer avec le Plan vert.»

M. Gaudreault a rappelé que 40 % de la production prévue à l’usine de GNL-Québec doit s’ajouter à la consommation actuelle d’énergie, donc elle s’additionne aux émissions de GES plutôt que d’être un substitut à des énergies plus polluantes déjà consommées.

Enfin, dans un mémoire déposé récemment au BAPE, le député péquiste rappelle que le méthane, composante du gaz naturel, a un potentiel de réchauffement 87 fois plus important que le Co2 sur 20 ans, donc il contribue aux perturbations climatiques.