QUÉBEC — Le député libéral Marc Tanguay demande à l’Unité permanente anticorruption (UPAC) de mettre un «point final» à l’enquête Mâchurer, qui porte sur les méthodes de financement du Parti libéral du Québec.
Le leader parlementaire de l’opposition officielle a tenu ces propos au lendemain de la diffusion d’une entrevue télévisée avec Jean Charest, dont le nom est souvent associé à Mâchurer, bien qu’il n’ait jamais été accusé de quoi que ce soit. L’ex-premier ministre libéral avait alors lui aussi réclamé la fin de l’enquête.
Selon M. Tanguay, ce «cri du coeur» de M. Charest est tout à fait raisonnable, compte tenu de la durée de l’enquête, qui s’est amorcée en 2014.
«C’est un cri du coeur qui est tout à fait justifié pour un citoyen, qui fait l’objet de ces allégations depuis six ans», a-t-il déclaré en mêlée de presse, mercredi.
«On demande à l’UPAC, réellement, de mettre un point final d’une façon ou d’une autre à cette enquête-là, après six ans, ça n’a pas de bon sens.»
La semaine dernière, l’avocat de Jean Charest, Michel Massicotte, avait lui aussi déclaré, en entrevue à Radio-Canada, que l’enquête devait connaître son dénouement.
Cette sortie était survenue au lendemain de la divulgation de mandats de l’UPAC qui visaient Marc Bibeau, ancien collecteur de fonds pour le Parti libéral du Québec (PLQ).
Ces documents avaient levé le voile sur le financement occulte du PLQ pendant les années Charest. L’ancien premier ministre n’y était mentionné que comme l’ami de M. Bibeau.
M. Massicotte avait toutefois insisté sur le fait que rien ne reliait son client à quoi que ce soit d’illégal.
Appelée à commenter la sortie du député Tanguay, la ministre Andrée Laforest, responsable de la Sécurité publique par intérim durant le congé de maternité de Geneviève Guilbault, a balayé du revers de la main les pressions exercées par le leader parlementaire du Parti libéral.
La ministre Laforest a ainsi déclaré que le gouvernement ne pouvait s’immiscer dans une enquête et que la demande de Marc Tanguay était plutôt mal avisée.
«Ça me fait sourire évidemment, parce que (…) d’un député libéral de faire cette demande, moi je pense que c’est très audacieux», a-t-elle indiqué.
De son côté, le commissaire de l’UPAC, Frédérick Gaudreau, a réagi en après-midi, en réitérant l’importance de préserver son indépendance dans la conduite de ses enquêtes.
«Le (Commissaire à la lutte contre la corruption) comprend l’impatience des citoyens et des élus à vouloir connaître l’issue de certaines enquêtes criminelles médiatisées. Il se doit, par ailleurs, de respecter les démarches d’enquête en cours, de protéger l’intégrité des enquêtes de même que la vie privée des gens visés ou impliqués», indique le commissaire par communiqué.
On note également que M. Gaudreau s’est engagé à rendre publique la finalité de certaines enquêtes ayant retenu l’attention médiatique et qu’il respectera son engagement «en temps opportun».