Le Mexique est dans un esprit combatif avant la deuxième ronde sur l’ALÉNA

MÉXICO — Une deuxième ronde de négociations sur l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) s’amorce vendredi dans un pays ayant souvent été le souffre-douleur politique de Donald Trump. De plus en plus, des indices laissent croire que le Mexique est prêt à répliquer.

Après avoir travaillé discrètement et calmement avec M. Trump, le parti centriste au pouvoir a tracé une ligne dans le sable: si le président commence un processus de retrait de l’ALÉNA comme il menace de le faire, le gouvernement de Enrique Pena Nieto affirme qu’il quittera la table de négociations.

Et ses opposants et ses détracteurs au Mexique en veulent encore plus.

L’impopularité de M. Trump au Mexique défie pratiquement les lois de la science politique. Un sondage de Pew évalue les appuis au président tout juste au-dessus de la marge d’erreur, avec un mince cinq pour cent des Mexicains qui expriment de la confiance envers le président des États-Unis.

Avec des élections prévues l’an prochain au Mexique, beaucoup de politiciens fourbissent leurs armes. Cela inclut une populaire législatrice de gauche présentée comme une recrue potentielle pour le nouveau parti qui mène dans les sondages pour la présidence.

Il y a une photo du combattant révolutionnaire Emiliano Zapata sur un mur du bureau de Dolores Padierna. Elle le salue comme le héros d’une bataille inachevée sur plusieurs générations pour les droits des travailleurs et des salaires plus élevés — qui n’ont pas progressé sous l’ALÉNA.

«C’est une honte», a dit Mme Padierna dans une entrevue en espagnol.

«Lorsque Donald Trump et (le secrétaire au Commerce) Robert Lighthizer maltraitent, insultent notre pays, nous avons un gouvernement qui est très docile, qui ne sait pas comment défendre la dignité et la souveraineté du Mexique», a-t-elle ajouté.

Mme Padierna voudrait voir un ALÉNA avec des normes du travail, des droits de syndicalisation et une mobilité plus solides. Mais outre cela, elle préférerait voir le Mexique planifier pour l’avenir avec de nouveaux partenaires commerciaux pour dépendre moins des États-Unis.

L’attitude combative ne se trouve pas seulement chez les sceptiques du commerce à gauche de l’échiquier politique.

Un diplomate mexicain a qualifié M. Trump d’«imbécile» et de «moron nazi» sur sa page Twitter personnelle cette semaine. Encore ambassadeur du Mexique en Chine il y a peu de temps, Jorge Guajardo a écrit sur Twitter cette semaine: «Les gens aux États-Unis n’ont pas conscience… à quel point l’appétit politique ici au Mexique est faible pour être partenaire des États-Unis de M. Trump.»

Un avion bondé d’hommes d’affaires mexicains a été retenu par la météo cette semaine en revenant des États-Unis. Durant un repas impromptu à minuit dans un restaurant à tacos près de Leon, au Mexique, la discussion a viré sur la meilleure manière d’affronter M. Trump.

«Répondre avec le feu», a dit un homme d’affaires. L’autre a suggéré par un geste explicite que le gouvernement mexicain devait gagner en testostérone.

Vendredi, les négociateurs américains verront bon nombre de manchettes principales des journaux critiques de leur président. Dans les nouvelles cette semaine figuraient les avertissements de M. Trump sur l’ALÉNA, l’augmentation des déportations, le pardon du shérif Joe Arpaio et le financement du mur à la frontière.