MONTRÉAL — Le nombre total d’inscriptions dans les cégeps est en déclin.
C’est le premier constat qui se dégage lorsque l’on consulte les données préliminaires ayant été colligées par la Fédération des cégeps entre le 1er et le 20 août.
Dans le secteur de l’enseignement régulier, 172 814 étudiants sont inscrits pour la session d’automne dans l’un ou l’autre des 48 établissements regroupés au sein de cette organisation.
Si l’on compare avec l’an dernier, la baisse se chiffre à 1,4 pour cent.
Évidemment, la situation n’est pas la même dans l’ensemble de la province.
Pour ne citer qu’un exemple, le portrait est particulièrement sombre en Mauricie, où l’on anticipe un recul de la population étudiante au cégep de près de cinq pour cent dès la prochaine session.
En contrepartie, dans les Laurentides, on prévoit une hausse avoisinant les deux pour cent, ce qui n’étonne pas tellement le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay.
«Au Québec, on a une population qui se déplace. Il y a des endroits qui doivent composer avec le départ d’une partie des jeunes vers les grands centres. Par contre, dans le cas des Laurentides, l’arrivée de nouvelles familles pendant les dernières années a fait en sorte qu’il y a désormais plus d’étudiants au collégial dans cette région-là», explique-t-il.
Pour que cette hausse cesse d’être une exception et devienne plutôt la règle, il faut, selon M. Tremblay, s’efforcer de convaincre davantage de finissants du réseau des écoles secondaires de continuer leur cheminement scolaire.
Pour l’instant, environ 70 pour cent d’entre eux font le choix de poursuivre sans délai leurs études dans l’un des cégeps de la province.
À son avis, il importe également de convaincre davantage de jeunes étrangers de la pertinence de fréquenter un tel établissement.
«Dans le réseau, on a environ 4000 étudiants internationaux. On s’entend sur le fait que ce nombre-là pourrait augmenter. On pourrait convaincre [les nouveaux venus] de s’inscrire dans des programmes où l’on manque d’étudiants. On pourrait les inciter à s’amener dans les régions. Ainsi, ils auraient l’occasion de s’habituer à cette réalité. Ils se feraient des amis. Ils auraient un réseau. Ils seraient acculturés à la société québécoise», soutient Bernard Tremblay.
Il ajoute que dans le contexte actuel «de déficit de la main-d’oeuvre», il ne faut pas se contenter de seulement augmenter le nombre de cégépiens.
Il lui apparaît aussi indispensable de s’assurer que la plupart d’entre eux termineront leurs études.
«Au Québec, on assiste depuis plusieurs années à une mobilisation en faveur de l’obtention du diplôme de cinquième secondaire. C’est une bonne chose. Cependant, il faut non seulement pousser les étudiants à compléter leur parcours scolaire obligatoire, mais aussi à poursuivre leurs études», mentionne M. Tremblay.
Il précise que les garçons ont particulièrement besoin d’encouragements supplémentaires.
Selon les statistiques récemment recueillies par la Fédération des cégeps, à la rentrée automnale, la clientèle globale des collèges publics sera composée de 57,5 pour cent d’étudiantes et de 42,5 pour cent d’étudiants.
D’après Bernard Tremblay, ce déséquilibre peut difficilement être balayé sous le tapis.
«Ce phénomène doit être analysé, scruté en profondeur. Il faut mener des recherches poussées pour le comprendre et se donner des stratégies pour faire face à ce défi», conclut-il.