KHARTOUM, Soudan — Au moins 40 corps ont été repêchés dans le Nil à Khartoum, la capitale soudanaise, ont affirmé mercredi des leaders du mouvement prodémocratie, portant à plus d’une centaine le nombre de personnes tuées depuis la dispersion violente d’un rassemblement devant le siège de l’armée.
Le Comité de médecins soudanais a affirmé que les corps avaient été emmenés par une unité paramilitaire d’élite dans un lieu inconnu. Le «sit-in» a été dispersé par l’armée lundi.
Une militante, Amal al-Zein, a déclaré que le nombre de personnes tuées pourrait être encore plus élevé. Elle a ajouté que des dizaines de corps avaient été retirés du Nil à différents endroits près du lieu de rassemblement des manifestants.
«Certains corps présentaient des blessures par balles, d’autres semblaient avoir été battus et jetés dans le Nil», a-t-elle dit.
Le regroupement de médecins a ajouté que les forces de sécurité avaient abattu au moins dix autres personnes mercredi à Khartoum et dans la ville voisine d’Omdurman. Mardi, dix autres manifestants avaient été tués dans différents endroits du pays.
Selon ce même regroupement, au moins 326 personnes ont été blessées dans les affrontements survenus au cours des deux derniers jours.
Les leaders des manifestants ont rejeté l’appel aux pourparlers avec le régime militaire au pouvoir, affirmant que l’armée ne pouvait pas être sérieuse dans sa volonté de négocier alors que les troupes continuent à tuer des manifestants.
Les manifestants exigent que le conseil militaire qui dirige le pays depuis le renversement du président Omar el-Béchir, en avril, cède sa place à un gouvernement de transition civil.
Plus tôt mercredi, le général Abdel-Fattah Burhan a déclaré que le conseil militaire était prêt à reprendre les négociations avec les manifestants «sans aucune restriction».
Le général avait précédemment mis un terme aux négociations et annulé tous les éléments convenus entre l’armée et les «Forces pour la déclaration de liberté et de changement», une alliance qui représente les manifestants. Dans un discours télévisé mardi, il avait accusé les manifestants d’être responsables de l’instabilité dans le pays.
Mohammed Yousef al-Mustafa, porte-parole de l’Association des professionnels soudanais qui fait également partie de l’alliance, a déclaré que les manifestants rejetaient «totalement» l’appel du général Burhan.
«Nous continuerons avec nos manifestations, notre résistance, notre grève et notre désobéissance civile totale», a-t-il ajouté.