QUÉBEC — Le Parti libéral du Québec (PLQ) sort de son 34e congrès plus vert et plus à gauche que jamais.
Traditionnellement, le PLQ avait habitué les électeurs à présenter l’image d’un parti situé plutôt au centre-droit de l’échiquier politique, donc proche du milieu des affaires et grand défenseur des libertés individuelles, tout en étant sensible aux préoccupations sociales.
La cheffe, Dominique Anglade, et les quelques centaines de militants réunis tout le week-end au Centre des congrès de Québec ont tiré clairement le parti vers la gauche.
D’ici les élections d’octobre 2022, les principales priorités libérales seront la protection de l’environnement et la lutte aux changements climatiques, des objectifs centrés au tour du projet ÉCO, promesse phare de Mme Anglade et qualifié de «projet de société» visant à nationaliser la production de l’hydrogène vert, nouvel Eldorado libéral.
On vise aussi à augmenter la cible de réduction des gaz à effet de serre d’ici 2030, désormais fixée idéalement à 45 %, en comparaison du seuil de 1990. Les libéraux ont également l’objectif de multiplier par six les redevances exigées aux grands consommateurs d’eau potable.
Après débat, les libéraux ne sont cependant pas allés jusqu’à réclamer de pénaliser les acheteurs de véhicules utilitaires sport (VUS), grands producteurs de gaz à effet de serre (GES).
En conférence de presse, Mme Anglade a réaffirmé que sa formation politique était la seule «à allier véritablement l’économie et l’environnement» et elle a dit estimer que la population était prête à effectuer les changements requis.
Cependant, elle s’est montrée consciente qu’un «travail d’éducation» devrait être fait, pour s’assurer que la population adhère vraiment aux cibles élevées fixées en matière de lutte aux GES.
Les militants libéraux avaient présenté quelque 120 résolutions régionales à étudier. Toutes n’ont pas été adoptées, faute de temps, mais à peu près toutes convergeaient vers le même objectif: miser clairement sur un État-providence fort et généreux: réclamation du transport interrégional gratuit et nationalisé, produits d’hygiène féminine gratuits, aide juridique plus accessible, contrôle des coûts de l’habitation des personnes âgées. On veut aussi voir un éventuel gouvernement libéral créer 200 000 logements sociaux.
Une agence de santé? Pas sûr
Les jeunes libéraux ont fait passer une résolution ayant pour but de dépolitiser la gestion du réseau de la santé, en créant une agence indépendante du ministère de la Santé. Cette idée avait déjà été évoquée par l’ex-premier ministre Philippe Couillard, qui, finalement, n’y avait jamais donné suite.
Il faut «un bras de distance» entre le politique et l’administratif, selon le président de l’aile jeunesse du PLQ, Gabriel Ahmad.
Mais l’idée semble déjà vouée à mourir dans l’oeuf. Mme Anglade n’a pas voulu se prononcer sur le bien-fondé de cette approche, tout en disant que «cela fera partie des réflexions qu’on aura dans les prochains mois», s’est-elle contenté de dire.
Plus tôt, l’ex-ministre de la Santé, Gaétan Barrette, avait lui aussi pris ses distances de cet «Hydro-Québec de la santé», en disant comprendre l’objectif, mais en jugeant que cette proposition ne changerait rien dans les faits, car ce serait le politique qui continuerait à gérer le financement du réseau.
Dans son discours de clôture, la cheffe libérale a décoché quelques flèches au premier ministre François Legault, en remettant en cause son respect de la démocratie, bafouée selon elle depuis l’adoption du décret d’urgence sanitaire en mars 2020 et toujours en vigueur.
«François Legault a choisi de gouverner sans débat et le prix de ses erreurs commence à se révéler», a observé la cheffe de l’opposition officielle devant ses partisans.
«La CAQ dit avoir besoin de l’état d’urgence pour bien gouverner. Mais ce n’est pas vrai. S’il y avait eu des débats et des questions, les CHSLD ne seraient peut-être pas restés dans l’angle mort du gouvernement», selon elle.