Le discours du Trône est annulé alors qu’a lieu une grève dans la fonction publique

FREDERICTON — Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a annulé le discours du Trône prévu mardi et reprendra plutôt la session législative qui s’est tenue au printemps.

Le bureau du président de l’Assemblée législative a envoyé un avis à tous les députés lundi matin pour les informer du changement.

Cette décision intervient au milieu d’une grève de la fonction publique impliquant 22 000 membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et de menaces d’une éventuelle législation de retour au travail.

Le premier ministre Blaine Higgs a déclaré aux journalistes lundi en fin d’après-midi que bien qu’une loi forçant le retour au travail était possible, des procédures en ce sens n’étaient pas prévues pour mardi.

«Chaque jour sera basé sur ce que nous voyons concernant les actions du SCFP et comment cela menace le bien-être des Néo-Brunswickois. Ce sera une évaluation au jour le jour, a déclaré M. Higgs. Le fait de ne pas avoir le discours du Trône nous donne une flexibilité supplémentaire qui nous permet d’agir plus rapidement au besoin.»

Le porte-parole du SCFP, Simon Ouellette, a déclaré qu’il espère que le premier ministre fera une offre pour revenir à la table de négociation. «Le premier ministre a le pouvoir d’offrir des salaires équitables aux travailleurs de première ligne, a-t-il fait valoir lundi dans une entrevue. La grève aurait pu être évitée s’il avait été plus raisonnable à la table de négociation.»

Il a soutenu qu’il serait «très contre-productif» d’adopter une loi de retour au travail, car cela ne ferait pas disparaître les problèmes comme le recrutement et la rétention du personnel. «(Ces enjeux) doivent être traités à la table de négociation par l’entremise de salaires équitables», a-t-il argué.

Plus tôt dans la journée, le leader de l’opposition officielle libérale déclarait que le premier ministre Higgs devrait être enfermé dans une pièce pour négocier avec les employés du secteur public en grève plutôt que de décréter un lock-out.

Selon le député Roger Melanson, le gouvernement du Nouveau-Brunswick ne veut que punir les employés, plutôt que d’essayer de régler avec eux la question des salaires et des avantages sociaux.

Toutes les écoles de la province sont passées à l’apprentissage en ligne lundi matin après que le conflit de travail a forcé l’annulation des cours vendredi. Le gouvernement a également mis en lock-out des membres de deux sections locales qui représentent le personnel scolaire.

Les travailleurs qui ont lancé la grève vendredi comprenaient des chauffeurs d’autobus scolaires, des gardiens, des mécaniciens, des travailleurs de la santé en réadaptation et en thérapie, du personnel de soutien pédagogique et des travailleurs des transports, des services correctionnels et du système des collèges communautaires.

Le ministre de l’Éducation, Dominic Cardy, a déclaré lundi que le syndicat n’avait donné qu’un préavis tardif de l’action impliquant les chauffeurs d’autobus.

Le ministre a affirmé que si le syndicat était disposé à communiquer ses plans à l’avance concernant les travailleurs qui seront en arrêt de travail certains jours, alors peut-être que certaines écoles pourraient être rouvertes pour un apprentissage en personne.

La grève de 22 000 membres du Syndicat canadien de la fonction publique a commencé la semaine dernière, après que le syndicat et le gouvernement n’ont pu s’entendre sur les salaires.

Avant la rupture des négociations, mardi soir, le syndicat demandait une augmentation de 12 % sur quatre ans, tandis que le gouvernement Higgs offrait une augmentation de salaire de 8,5 % sur cinq ans.

M. Melanson croit que les deux parties ne sont pas si éloignées et qu’elles auraient dû négocier en fin de semaine.

«(Le gouvernement) devrait travailler avec eux — offrir de bonnes conditions de travail et des avantages sociaux et des salaires adéquats afin qu’ils puissent travailler à leur plein potentiel, a déclaré M. Melanson. Je m’inquiète de ce que le premier ministre va faire.»

M. Higgs a déclaré qu’il pourrait utiliser la Loi sur les mesures d’urgence ou déposer une loi spéciale pour ordonner aux grévistes de reprendre le travail.

M. Melanson soutient que si le premier ministre veut emprunter cette voie, il doit y avoir un débat à l’Assemblée législative. Il assure toutefois que sa préférence irait à un règlement négocié.

Le chef du Parti vert, David Coon, a aussi dit qu’une loi forçant le retour au travail serait «absolument une erreur».

Le premier ministre Higgs a déclaré en fin de semaine que la grève des travailleurs du secteur public avait commencé à toucher les hôpitaux de Moncton, Saint-Jean et Campbellton – des villes situées dans des régions de la province soumises à des restrictions sanitaires renforcées, les mesures «coupe-circuits».

La grève a forcé l’annulation en fin de semaine d’une clinique de vaccination à Fredericton ainsi que certains dépistages de la COVID-19 dans les hôpitaux.