ACTON VALE, Qc — S’il est élu, le Parti québécois propose d’utiliser une partie des surplus budgétaires pour réduire la «dette environnementale» du Québec, en se servant de cet argent pour nettoyer les rivières et les lacs et décontaminer les sols.
«Il faut réparer ce qui a été brisé», a soutenu vendredi le chef péquiste Jean-François Lisée.
Mais d’abord, il faut calculer cette dette environnementale. Pour le moment, il n’y a que les sols contaminés qui sont comptabilisés dans les livres de l’État québécois, a souligné le chef en faisant cette annonce vendredi matin à Acton Vale, en Montérégie. Ce passif s’élève à environ 3 milliards $.
«Mais la dette environnementale, c’est plus que ça», a-t-il fait valoir. Il faut aussi évaluer le coût des déchets qui s’accumulent, des berges qui s’érodent et des sites miniers abandonnés.
La formation politique parle d’utiliser les surplus «imprévus», c’est-à-dire ceux qui seraient engrangés dans le cas d’une croissance économique plus forte qu’anticipée, si les transferts fédéraux sont plus élevés et si les «provisions pour éventualités» du gouvernement ne sont pas utilisées au cours d’une année, précise le PQ. Actuellement, ils servent à la réduction de la dette financière.
Quant aux surplus pouvant être anticipés, ils seront utilisés pour assurer les services à la population.
S’il est élu, M. Lisée promet de mandater les ministères des Finances et de l’Environnement afin qu’ils calculent le montant de cette dette de la manière la plus précise possible.
Un nouveau fonds sera créé, appelé «le Fonds de restauration du patrimoine environnemental», pour accueillir les surplus non prévus. L’argent n’y sera toutefois versé que si la réserve de stabilisation de l’État est supérieure à 2 milliards $.
En plus de la décontamination des sols, il pourra servir à améliorer les systèmes de traitement des eaux et la gestion des matières résiduelles, ainsi que pour réduire l’utilisation des pesticides.
M. Lisée s’engage aussi à ce que chaque décision du conseil des ministres tienne compte de l’impact sur la dette environnementale.
«Nos enfants commencent à être très insistants sur la planète qu’on leur laisse et ils ont raison», a dit le chef, ajoutant qu’il voulait pouvoir les «regarder dans les yeux».
Optimisme de fin de campagne?
M. Lisée a conclu son point de presse matinal en faisant le signe «V» de la victoire avec les doigts. «Nous sommes très optimistes», a-t-il dit, invitant ses candidats présents à Acton Vale à imiter son geste.
Pas besoin d’électrochoc pour la campagne péquiste, a ajouté le chef après avoir rencontré des militants vendredi après-midi dans un bar d’Hochelaga-Maisonneuve, dans la métropole. Il venait aussi de visiter le local électoral de cette circonscription, dont la députée sortante est la péquiste Carole Poirier.
«Tous les indicateurs que l’on a sont extrêmement positifs», a-t-il dit.
«J’ai assez vu neiger pour dire que la possibilité d’une victoire du PQ est réelle. On y croit, on la veut, on travaille pour ça.»
Il refuse de se laisser abattre par les résultats du plus récent sondage Ipsos, mené pour le compte de La Presse et de Global News, qui suggère que sa formation politique n’a pas réalisé de gains dans les intentions de vote. Selon ce coup de sonde, 18 pour cent des électeurs accorderaient leur appui au Parti québécois et Québec solidaire (QS) se trouverait non loin derrière à 16 pour cent. Le PQ demeurerait donc pour le moment coincé en troisième place, en cette 37e journée de campagne.
Cessons de compter les sondages et comptons les votes, a déclaré le chef. Et puis, ce ne serait pas la première fois que les sondeurs se tromperaient, a-t-il indiqué.
La journée de vendredi s’est conclue avec une grande soirée-spectacle de fin de campagne, sur le thème de la culture, au théâtre Le National, toujours à Montréal. Danse, peinture en direct et musique étaient à l’honneur et les performances ont fait vibrer la salle pour plusieurs centaines de militants et plus d’une vingtaine de candidats péquistes.
L’énergie et l’entrain qui se dégageaient de la soirée ne laissaient pas entrevoir que le récent sondage placerait le PQ bien derrière la CAQ et le Parti libéral.
«On est des gens qui ne baissent jamais les bras», s’est exclamée de la scène la vice-cheffe Véronique Hivon qui a été chaudement applaudie.
Le chef Jean-François Lisée a quant à lui invité les partisans à visualiser un gouvernement péquiste, où chacune des promesses électorales auraient été réalisées, telle que des CPE sans liste d’attente.
Après avoir énuméré sa longue liste d’engagements, il a lancé aux militants: «Pour que tout cela devienne réalité, pour que tout cela soit vu dans le réel et pas seulement dans nos têtes, il faut que vous visualisiez une maudite grosse gang de gens qui vont venir voter pour nous autres lundi!»