TORONTO — Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a prévenu mercredi que sa patience était à bout devant la lenteur du dépistage et qu’il voulait voir une augmentation des tests dès jeudi.
M. Ford souhaite que tous les résidents en foyers de soins de longue durée, tous les travailleurs de la santé de première ligne et tous les premiers répondants soient testés pour la COVID-19.
L’Ontario a signalé mercredi 550 nouveaux cas de la COVID-19, la plus forte augmentation en 24 heures jusqu’ici. La province rapporte également 21 décès de plus. Le bilan est maintenant de 5276 cas, dont 174 décès et 2074 guérisons.
Les nouveaux cas représentent une augmentation de 11,6 % par rapport à mardi. Le nombre de personnes hospitalisées a baissé, passant de 614 à 605, mais davantage de personnes sont désormais aux soins intensifs et sous respirateur.
Les chiffres montrent par ailleurs que les tests de dépistage accusent à nouveau un arriéré croissant. Le gouvernement a admis que la capacité de l’Ontario est actuellement de 13 000 tests par jour, mais que seulement 3500 échantillons environ sont soumis aux laboratoires par les centres d’évaluation des citoyens. M. Ford souhaite que l’Ontario fasse vraiment 13 000 tests chaque jour.
Le premier ministre soutient qu’on a résolu les problèmes qui ont plombé le système: pas assez de centres d’évaluation, puis capacité insuffisante dans les laboratoires, et enfin pénurie de réactif pour les tests.
Approche trop prudente ?
Certains estiment que l’approche trop prudente de l’Ontario met des vies en danger. Elle entrave selon eux les efforts visant à freiner l’épidémie qui ravage les établissements de soins de longue durée, remplit les lits aux soins intensifs et s’insinue silencieusement dans les communautés.
La docteure Camille Lemieux, directrice de la médecine familiale au «University Health Network», a exprimé sa frustration, mercredi. «À mon avis, l’Ontario prend des décisions dans l’ignorance et en fonction de ce qu’ils ne savent pas.»
Selon Mme Lemieux, les médecins savaient depuis des semaines que les taux de tests étaient en deçà de la capacité croissante des laboratoires, mais ils n’avaient aucune idée que l’écart était aussi important — quatre fois moins que la capacité réelle.
À l’heure actuelle, les centres d’évaluation communautaires prescrivent le dépistage pour les personnes qui présentent des symptômes et qui appartiennent à des groupes prioritaires, notamment les travailleurs de la santé, les voyageurs, ainsi que les résidents et le personnel des foyers de soins de longue durée. Or, selon la docteure Lemieux, des gens qui présentent des symptômes ou sont fortement soupçonnés d’être atteints ne peuvent pas subir de test.
«Je ne peux pas vous décrire le niveau de frustration que ressentent ceux d’entre nous qui travaillent et veulent vraiment tester plus largement», a-t-elle dit.
Participation du privé
Il y a moins de deux semaines, l’Ontario faisait face à un énorme arriéré de près de 11 000 personnes. Mais depuis, la capacité des laboratoires a considérablement augmenté, avec la participation du privé.
Les responsables de la santé publique ont reconnu mardi que la capacité des laboratoires avait considérablement augmenté et que la pression était désormais de faire en sorte que les centres d’évaluation communautaire permettent à davantage de personnes de passer le test.
«Le problème de capacité n’est plus ce qu’il était», a déclaré la docteure Barbara Yaffe, médecin hygiéniste en chef adjointe de l’Ontario. Certaines personnes «qui présentent des symptômes devraient être testées».
«Nous envisageons également davantage de tests dans les établissements où il y a une épidémie, davantage de tests pour le personnel soignant, le cas échéant, dans les communautés autochtones et ainsi de suite, et il y a un groupe d’experts qui fera rapport très prochainement sur la stratégie de dépistage (…) Nous ne voulons pas aller trop loin et nous retrouver avec un autre arriéré.»
Tara Moriarty, professeure agrégée à la faculté de médecine de l’Université de Toronto, qui a lancé une pétition appelant à une augmentation du dépistage, estime que cette étape est cruciale pour supprimer la propagation de la COVID-19 et son impact sur le système de santé.