FREDERICTON — Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a publié un décret d’urgence obligeant les travailleurs en grève du secteur de la santé à retourner au travail avant minuit vendredi soir, menaçant d’amendes jusqu’à 20 400 $ par jour pour les employés qui refusent de se conformer.
Le procureur général Hugh Flemming a déclaré que le décret était nécessaire car il y avait un risque que des soins médicaux ne soient pas fournis et que des patients meurent si la grève se poursuivait.
Il a déclaré lors d’une conférence de presse que l’ordre de retour au travail ne s’applique qu’aux travailleurs du secteur de la santé, et non aux autres membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) qui sont en arrêt de travail depuis vendredi dernier.
La grève implique des chauffeurs d’autobus scolaires, du personnel de soutien pédagogique et des travailleurs de la santé, des transports, des services correctionnels et du système des collèges communautaires.
M. Flemming a qualifié la décision du gouvernement de malheureuse mais nécessaire, affirmant que l’interruption de travail a entraîné une crise dans le réseau de santé de la province.
«Cette action n’a rien à voir avec les relations de travail, a déclaré M. Flemming aux journalistes. Il s’agit de soins de santé. Il s’agit de la sécurité des Néo-Brunswickois. Il s’agit de patients hospitalisés qui ont besoin de soins.»
Le Dr John Dornan, chef de la direction par intérim du Réseau de santé Horizon, a déclaré que 240 chirurgies avaient été annulées dans ses hôpitaux et que plus de 10 000 tests et procédures n’avaient pas été effectués depuis le début de la grève la semaine dernière.
«Nous sommes brisés, a-t-il déclaré aux journalistes lors de la conférence de presse. Comment pouvons-nous traverser la COVID si nous ne savons pas qui est infecté?»
Le premier ministre Blaine Higgs a déclaré lors de la conférence de presse que la situation durait depuis trop longtemps. «Des mesures immédiates doivent être prises pour assurer la sécurité des Néo-Brunswickois», a-t-il affirmé.
Le gouvernement Higgs a publié un communiqué de presse plus tard vendredi, déclarant que toute personne qui ne se présente pas au travail risque une amende de 480 $ à 20 400 $ par jour. Le SCFP est menacé d’une amende minimale de 100 000 $ pour chaque jour où un travailleur ne se conforme pas à l’ordonnance.
Une «situation injuste», selon le syndicat
Le syndicat a publié une déclaration en réponse à l’ordonnance de retour au travail, disant qu’elle «prive ces travailleurs de leur droit à la libre négociation collective et de leur droit de grève».
Selon le syndicat, le premier ministre utilise la situation de la pandémie pour forcer les travailleurs à reprendre le travail au lieu de respecter le processus de négociation.
Le chef du Parti vert David Coon et le chef libéral par intérim Roger Melanson ont tous deux condamné l’ordre de retour au travail du gouvernement et ont tous deux quitté le comité ministériel sur la COVID-19 du gouvernement en signe de protestation.
Plus tôt dans la journée, le premier ministre Blaine Higgs a interrompu une conférence de presse tenue par le syndicat représentant 22 000 fonctionnaires en grève, alors que les deux parties impliquées dans le conflit de travail se disputaient publiquement au sujet des dernières offres.
M. Higgs avait déjà déclaré à la législature qu’une réunion de près de huit heures jeudi entre lui et des responsables syndicaux s’était terminée par une offre du gouvernement que le syndicat avait accepté de présenter à son équipe de négociation.
Mais le président du SCFP, Steve Drost, a déclaré vendredi lors d’une conférence de presse devant l’Assemblée législative que son syndicat avait répondu par une contre-proposition à 2 h 20 vendredi matin. Il disait à ce moment n’avoir toujours pas eu de réponse du gouvernement. M. Drost a indiqué que le syndicat avait proposé que les membres reprennent le travail immédiatement plutôt que d’attendre un vote de ratification.
«Chacun d’entre vous aurait pu reprendre le travail ce matin, a-t-il déclaré à quelques centaines de membres en grève rassemblés sur la pelouse de l’Assemblée législative. Vous auriez pu être là-bas pour préparer les écoles pour lundi. Vous auriez pu être là pour ranger le linge dans les hôpitaux.»
Puis, M. Drost a interpellé directement le premier ministre Higgs: «Vous voulez un accord? Vous sortez tout de suite et réglons ça.»
Blaine Higgs est arrivé à la conférence de presse quelques minutes plus tard, traversant la foule de grévistes et demandant à s’adresser à eux.
«Nous devons avoir une solution ici», a lancé M. Higgs à la foule.
Les régimes de retraite
Le syndicat a publié les détails de la proposition du gouvernement et de sa contre-proposition. Le gouvernement a offert une augmentation de salaire de 2 % par an pendant cinq ans ainsi qu’une augmentation de 25 cents l’heure chaque année. Il a également proposé des changements au régime de retraite pour deux sections locales.
Les changements proposés par le gouvernement de Blaine Higgs feraient basculer les travailleurs d’une section locale vers un modèle à risques partagés pour leur régime de retraite, et il offrirait un régime de retraite à un autre groupe qui n’en a pas actuellement.
Le syndicat a déclaré avoir riposté par une augmentation de 2 % par année sur cinq ans ainsi qu’une augmentation supplémentaire de 25 cents l’heure pour les trois premières années, suivie d’une augmentation de 50 cents l’heure au cours des deux dernières années. Mais la clé de la contre-proposition était la suppression des modifications apportées aux régimes de retraite.
«Nous sommes ici pour négocier les salaires», a déclaré M. Drost.
Mais M. Higgs a essayé de convaincre les syndiqués que les changements au régime de retraite sont nécessaires.
«C’est durable, abordable et sûr pour la province et les participants au régime, leur a-t-il dit. Personne ne perd quoi que ce soit des plans actuels ni aucune valeur.»
Les organisateurs syndicaux ont alors demandé au premier ministre de leur rendre leur microphone, et il a quitté le rassemblement.
Avant la publication du décret sur le retour au travail, M. Drost déclarait qu’il était trop tôt pour dire si ses membres se conformeraient à une telle décision.
«Mais je peux vous dire qu’il y a beaucoup de gens très en colère, a déclaré M. Drost vendredi. Ils en ont tellement marre. C’est très instable. C’est une bombe à retardement et on n’en a pas besoin. (Blaine Higgs) met la population du Nouveau-Brunswick en danger.»
M. Higgs a affirmé lors de la conférence de presse que le gouvernement avait proposé de soumettre la question des retraites à deux actuaires pour évaluation.