Le procureur en chef de la CPI a «confiance» que l’Afrique du Sud arrêtera Poutine

OTTAWA — Le procureur en chef de la Cour pénale internationale (CPI) affirme qu’il est convaincu que l’Afrique du Sud arrêtera Vladimir Poutine lorsque le président russe assistera à un sommet international en août.

Karim Khan a défendu sa décision de lancer le mandat d’arrêt lors d’une conférence de presse à Ottawa vendredi, affirmant qu’il s’agissait d’un «test décisif» pour savoir si la communauté internationale entreprendrait une action collective contre Poutine pour l’invasion de l’Ukraine.

Le tribunal tente de tenir Poutine personnellement responsable de crimes de guerre, notamment de l’enlèvement d’enfants ukrainiens.

Le président devrait assister au sommet des BRICS en tant que représentant de la Russie, aux côtés des dirigeants du Brésil, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud.

«Nous devons faire notre travail, et la communauté internationale devrait faire le sien, affirme M. Khan. Sommes-nous seulement en train de parler? Ou existe-t-il une action collective qui nous permette, en 2023, de faire disparaître ces crimes d’intérêt international?»

Le haut-commissaire d’Afrique du Sud au Canada a récemment déclaré à La Presse Canadienne que le pays préfère l’idée de pourparlers de paix comparativement à l’approche de l’Occident consistant à tenter de punir les agresseurs russes.

Le mandat d’arrêt était le premier que le tribunal ait lancé contre un dirigeant de l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.

L’Afrique du Sud serait le premier voyage de Poutine dans un État membre de la CPI depuis l’émission du mandat d’arrêt en mars.

M. Khan dit que, «si Dieu le veut», les Sud-Africains choisiront d’agir conformément aux valeurs adoptées dans leur constitution, «pour leur propre peuple et pour le mondequ’ils veulent léguer à leurs enfants».

Alors qu’une commission gouvernementale spéciale a déterminé que l’Afrique du Sud n’aurait d’autre choix que d’arrêter Poutine sur son sol, de hauts responsables du pays, dont le président Cyril Ramaphosa, ont mis en doute l’exécution du mandat, en partie à cause des liens étroits entre l’Afrique du Sud et la Russie.

L’ancien diplomate et homme politique canadien Allan Rock, qui était à Ottawa avec M. Khan, a affirmé que la communauté internationale savait où en était le Canada en termes d’état de droit, d’autorité de la CPI et de responsabilité pour les crimes présumés.

«Le Canada entretient d’excellentes relations avec l’Afrique du Sud. Mais je partage respectueusement l’opinion exprimée par les procureurs selon laquelle nous pouvons compter sur l’Afrique du Sud pour faire ce qu’il faut en raison de leur engagement envers la primauté du droit et parce qu’ils partagent les mêmes valeurs que nous», dit-il.

Jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé sa confiance que Poutine serait reconnu coupable de crimes de guerre.

Il a déclaré à La Haye que le dirigeant russe «mérite d’être condamné pour (ses) actions criminelles ici même dans la capitale du droit international».

La CPI compte sur les États membres pour exécuter ses mandats. L’Ukraine n’est pas membre de la cour, mais lui accorde la compétence sur son territoire et M. Khan s’y est rendu plusieurs fois.

La Russie ne reconnaît pas du tout le tribunal et Moscou a rejeté l’accusation.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que la Russie considérait les décisions de la CPI comme «juridiquement nulles» et a qualifié la décision de la Cour de «scandaleuse et inacceptable».

M. Peskov a refusé de commenter lorsqu’on lui a demandé si Poutine éviterait de se rendre dans des pays où il pourrait être arrêté, et a été évasif quant à savoir si Poutine assistera réellement au sommet.

Les États-Unis ne reconnaissent pas non plus le tribunal, mais le président Joe Biden a déclaré qu’il «constituait un argument très fort» pour dénoncer les actions de Poutine.

Ne pas pouvoir assister à des sommets internationaux pourrait entacher davantage la réputation mondiale de Poutine, car il s’agissait de son premier grand voyage à l’étranger — et de l’occasion de jouer au gentil avec un groupe de dirigeants mondiaux — depuis l’invasion de l’Ukraine l’année dernière.

— Avec des informations de l’Associated Press.

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